La grève du lait est refroidie

uniterre • Attaqués en justice, les syndicalistes paysans marquent une pause.

Attaqués en justice, les syndicalistes paysans marquent une pause.

Pas de nouvelles, bonnes nouvelle ? Depuis fin 2009, les paysans d’Uniterre ne sont plus redescendus dans la rue pour protester contre la baisse du litre de lait. Tout va-t-il bien pour autant ? Et que se passe-t-il sur le front paysan ?

Une commission de vente directe de lait à été mise sur pied au sein du syndicat : « Nous travaillons assidûment pour qu’elle soit opérationnelle rapidement. Un « centre de distribution » est en cours de construction », explique une paysanne militante du canton de Fribourg.

Mais elle dénonce aussi un gros point noir : les tentatives de criminalisation du syndicat dans son canton. En décembre dernier, Pierre-André Tombez, président d’Uniterre a été condamné pour « séquestration et contraintes » suite à la mobilisation en mai 2009 devant la Fédération des sociétés fribourgeoises de laiterie à Pringy. Le syndicaliste a fait recours contre la décision, mais le Ministère public fribourgeois en a fait de même contre le non-lieu décidé pour 4 autres manifestants.

Mais ce n’est pas tout. Des plaintes ont aussi été déposées par la société de conditionnement laitier Elsa suite à une manifestation en septembre à Estavayer-le-Lac. De même, Alexandre Briw, patron d’Elsa et de la Société de lait suisse a lui aussi déposé plainte contre Uniterre pour « menaces, contraintes et diffamation ». « Celles-ci ont été déposé 3 mois après les faits, après que Pierre-André Tombez a été condamné », relève Valentina Hemmeler-Maïga, secrétaire d’Uniterre. Elle note aussi que dans les autres cantons les opération de colère paysanne se sont déroulées sans suite judiciaire.

Fondue chez le patron d’Elsa

Toujours est-il que ces coups de la justice fribourgeoise contre le syndicat échaudent les militants du canton. « Nous avons fait une action devant la maison de Monsieur Briw (à Meyriez). Nous avons partagés entre producteurs, une fondue ou pour certains un pic-nic, nous avons fait ça dans une ambiance bonne enfant, sans voix élevées plus hautes que d’autres. Nous lui avons même mis 2 litres de lait dans sa boîte a lettre pour le déjeuner de ses enfants. Résultats des courses, certains vont passer devant la justice pour ça », explique notre militante fribourgeoise. Conclusion : « Imaginer faire des actions illégales, oui, on en aurait envie, mais l’amende ainsi que le temps perdu dans un tribunal ne nous intéresse pas, puisque nous avons déjà bien de la peine à faire vivre la famille, et dans ces cas là, nous nous retrouvons seuls », poursuit-elle.

Et pourtant les problèmes de rétribution du lait et de contrôle des quantités sont loin d’être résolus. L’interprofession du lait (organisation créée en 2009, qui regoupe des producteurs de lait et l’industrie laitière et à laquelle ne participe pas Uniterre) n’a toujours pas trouvé d’accord à la fin janvier sur le prix indicatif payé au producteur. Celui-ci demeure à son niveau de 2009, soit à 62 centimes le kg. De quoi provoquer de la déception aussi bien de certains participants comme l’Union suisse des paysans (USP) ou les Producteurs suisses de lait (Swissmilk). « La non-entrée en matière sur une augmentation du prix indicatif, en particulier, est inacceptable pour les producteurs de lait », écrit, par exemple, cette dernière organisation.

Pour Valentina Hemmeler-Maïga, il ne reste plus que deux options : soit quitter l’IP, soit se lancer dans la mobilisation. « On attend que les grandes organisations paysannes bougent. S’ils se lancent enfin dans un mouvement, de mobilisation, alors nous sommes prêts à les suivre. Qu’ils descendent dans la rue », explique la permanente d’Uniterre. Alors 2010, nouvelle année de colère paysanne ?