La guerre est déclarée entre le peuple et ceux qui nous dirigent

Le Canton révise la fiscalité des entreprises. Le POP monte au créneau contre les cadeaux fiscaux.

Le Canton révise la fiscalité des entreprises. Le POP monte au créneau contre les cadeaux fiscaux.

Il est question dans tous les pays occidentaux et capitalistes de santé financière. Pour y parvenir les compressions budgétaires semblent inamovibles. Le canton de Neuchâtel ne fait pas exception à la règle et le Conseil d’Etat vient de proposer une nouvelle politique fiscale des entreprises. Premières réactions au sein du Parti Ouvrier et Populaire (POP) avant qu’une assemblée générale cantonale ne se prononce.

Durant plusieurs années, les élus du POP demandaient que la fiscalité des personnes morales soit revue. Ils estimaient que la collectivité publique cantonale devait pouvoir recevoir les moyens financiers nécessaires pour assurer ses tâches. C’est donc avec une grande attention que les militants du parti ont examiné les propositions gouvernementales. Ce qu’ils ont découvert laisse pantois la majorité d’entre-eux :
- Baisse par 100 pour arriver à 0,0005% d’impôt sur le capital pour les holding… le cadeau fait aux holding est évalué à 6’239’465 francs de perte pour le canton (chiffre de l’année passée).
- Baisse par 2 de l’impôt sur le bénéfice qui arrivera à 5% en 2016 (10 % aujourd’hui, 18% en 2002) ! Le passage de 10 à 5% sur les bénéfices, revient à offrir aux entreprises (sans statuts spéciaux dont le canton était friand) 16’418’000 francs… Cela peut, en outre rapporter une certaine somme dans la mesure où il n’y a (normalement) plus d’exceptions et d’exonération totale…
- Exonération de l’impôt sur les dividendes pour certains actionnaires… Cadeau scandaleux aux plus riches d’environ 10 millions !
- Cadeau aux entreprises étrangères, en passant l’imputation de l’impôt sur le bénéfice à l’impôt sur le capital… Derrière ce joli tour de passe-passe se cache une volonté d’offrir encore quelques deniers (6’535’898 francs) à ceux qui en ont vraiment besoin…

Des riches héritiers

Un député du POP estime ces propositions inacceptables et pour lui, il est temps de renverser la tendance en demandant au contraire :
- Un taux d’imposition des bénéfices plus élevé.
- Des contreparties des entreprises bénéficiant de taux bas : crèches, apprentis, investissements locaux, etc.!
- Une correction des injustices aussi pour les plus bas revenus, par exemple en supprimant l’impôt en dessous du minimum vital ce qui reviendrait aussi à supprimer ces fameux effets de seuil que les popistes dénoncent depuis longtemps !

Un autre camarade analyse la situation. Il ne faut pas oublier que lorsque les collectivités publiques baissent les impôts des plus riches, elles s’appauvrissent. Elles doivent donc emprunter. Et qui souscrit les emprunts ? Eh bien, naturellement, ceux qui se sont enrichis en bénéficiant des baisses d’impôts ! Ils touchent alors davantage d’intérêts des collectivités publiques et bénéficient ainsi d’un double avantage : diminution des prélèvements fiscaux et amélioration des revenus ! La soi-disant « saine concurrence fiscale » prônée par la droite conduit en fait à un cercle vicieux qui voit les riches de plus en plus riches et les Etats de plus en plus endettés. Avec comme corollaire les inévitables « mesures structurelles » qui bien évidemment ne peuvent être que des diminutions de charges supportées par ceux qui précisément ne peuvent bénéficier d’aucun avantage fiscal, à savoir les salariés ! Lorsque la droite déclare qu’il ne faut pas charger les générations futures par une dette excessive, elle ne mentionne pas que les héritiers des générations riches actuelles vont bénéficier des avantages de leurs parents et encaisser à leur tour les bénéfices issus d’une politique fiscale injuste. Et qui paiera une fois de plus les pots cassés ? La génération future qui ne bénéficiera pas d’avantages fiscaux ! Dans le cas concernant la fiscalité des personnes morale, le piège qui nous est tendu est que, paradoxalement, la baisse d’impôts pourrait provoquer une augmentation des recettes, mais avec un certain nombre de couleuvres à avaler. L’Impartial signale que le taux proposé serait plus « avantageux » que celui de Zoug. Il est dès lors probable que Zoug va encore baisser le sien et ainsi de suite ! La droite prétend que « trop d’impôts tue l’impôt », mais on pourrait rétorquer que « plus du tout d’impôt tue », car les victimes risqueraient d’être nombreuses…

Pour ma part, je suis un peu las de constater que la gauche au pouvoir dans un système capitaliste ne fait que gérer les contradictions que celui-ci engendre. Et la révolution tarde à venir…

Alain Bringolf

Le POP soutient le référendum du SSP contre les 16 millions

Le POP a décidé de soutenir le référendum lancé par le Syndicat des services publics (SSP-VPOD) contre le projet de redressement des finances publiques. Sur proposition du Conseil d’Etat, le Grand Conseil a voté un crédit de 16 millions visant à rétribuer un expert externe qui apporterait un « regard neutre », selon le rapport gouvernemental, sur les finances publiques. Aidé d’une petite équipe, cet expert est chargé de proposer 150 millions de francs d’économies d’ici 2016, soit 8,3% des charges de l’Etat.

Dans un communiqué, le POP constate que « les mesures prises dans le cadre du frein aux dépenses touchent de plein fouet plusieurs services qu’il doit rendre à la population du canton. Ces restrictions frappent directement ou indirectement toutes les couches de la population, mais les plus démunies en souffrent davantage. » L’assainissement des finances publiques « ne doit pas se faire en pénalisant les couches sociales les plus faibles ou en s’en prenant aux structures de base d’une collectivité publique comme le sont l’instruction, la santé publique et les aides sociales. Dans une situation difficile, la solidarité doit l’emporter sur la défense des intérêts personnels ou des intérêts de classes », estime le parti. « Alors que depuis plusieurs années le gouvernement conduit une politique de réduction mal réfléchie de ses dépenses, il n’hésite pas à proposer de dépenser 16 millions pour assurer le redressement des finances cantonales ! Comme si les conseillers d’Etat, accompagnés de leurs divers spécialistes, n’étaient pas capables de faire ce travail », ironise le POP en pointant le manque de courage du Conseil d’Etat.

Les députés popistes avaient déjà refusé le crédit de 16 millions, c’est donc sans surprise que le parti soutient maintenant le référendum lancé par le SSP.

Réd.