Philippe Leuba fait du chiffre

Le renvoi de Sveta Bakhshyan sous la critique.

Le renvoi de Sveta Bakhshyan sous la critique.

« On est horrifié que la Suisse puisse adopter de telles méthodes. C’est inadmissible », s’insurge l’Yverdonnoise, Hélène Grand, membre de la Coordination Asile Migration Nord Vaudois. L’objet de cette colère ? Le renvoi manu militari vers l’Arménie de Sveta Bakhshyan, requérante d’asile, âgée de 62 ans depuis Kloten ce 25 octobre. Dans un pays qu’elle ne connaît pas, où elle n’a jamais mis les pieds, et où elle n’a aucune famille, ni maison ou réseau. « On l’a traînée comme un sac poubelle vers l’avion », souligne la militante qui a eu Sveta au téléphone depuis Prague avant son arrivée à Erevan. Provenant d’Azerbaïdjan, mais d’origine arménienne, la requérante vivait dans la capitale du nord vaudois depuis 7 ans, après savoir fui la guerre dans son pays en 1989 et transité par la Russie.En Suisse, elle habitait dans un studio, prêté par l’EVAM (Etablissement vaudois d’accueil des migrants). « Elle venait chaque semaine aux réunions de la coordination, effectuait des traductions russe français comme médiatrice socioculturelle pour l’EVAM. Elle était très douée pour la couture et la retouche et elle était en passe d’être embauchée. C’est une amie chère dont le premier crime est d’être étrangère », portraiture Hélène Grand. Malgré le fait qu’elle n’ait plus de famille dans son pays et qu’elle soit une femme seule, les autorités ne lui ont pourtant pas octroyé de permis humanitaire. Le 15 octobre, elle a été arrêtée par la police alors qu’elle s’était rendue au Service de la population pour un renouvellement de son attestation de séjour. Et incarcérée à Genève à la maison d’arrêt pour femmes de Riant-Parc en vue d’un renvoi. « Elle allait mal, du fait d’un problème à la jambe qu’elle a eue précédemment, mais son mauvais état de santé n’a été jugé suffisamment grave pour une hospitalisation et on l’a renvoyée en Arménie sans rien », précise Hélène Grand. Une lettre pour une demande de libération immédiate adressée par le Collectif droit de rester à l’attention du conseiller d’Etat Philippe Leuba est restée lettre morte. Avant la votation fédérale du 28 novembre, Hélène Grand constate un durcissement de l’attitude des services de la population qui appliquent de manière plus drastique encore les préceptes de l’initiative UDC, considérant, par exemple qu’une amende équivaut à un passé pénal. « De nombreux requérants déboutés qui sont là pour certains depuis des années, reçoivent ces jours-ci des avis de renvoi. Philipe Leuba veut être le premier de la classe », souligne la popiste.