Et pourquoi donc Le Locle est-il si rouge ?

le locle • D'où proviennent les succès à répétition des popistes loclois et la popularité de Denis de la Reussille, son président de commune ? La réponse est dans un comportement respectueux et proche de la population.

D’où proviennent les succès à répétition des popistes loclois et la popularité de Denis de la Reussille, son président de commune ? La réponse est dans un comportement respectueux et proche de la population.

Il faut en rechercher les origines du Locle le rouge dans l’histoire. Dans les années 1880-1890, la région comptait déjà une forte présence anarchiste. Des liens qui ont laissé des traces.

C’est en 1952 que le POP par Frédéric Blaser accède à l’exécutif de la Ville. Après une petite interruption de quatre ans, il reprend sa place et il compte actuellement trois membres dans cette autorité et dix-huit au législatif (Voir encadré). Lors de la première participation à l’exécutif de Denis de la Reussille, la droite et le PS voulaient abroger le statut du personnel communal. Cette proposition a suscité une grande bataille politique d’où le POP est ressorti vainqueur.

Dans sa pratique, le Conseil communal invite la population à des séances d’information. Durant ces rencontres, des échanges plus larges que ceux des sujets annoncés permettent une meilleure compréhension des positions des uns et des autres. Sur le plan administratif, la gestion de la ville est très rigoureuse. Elle donne confiance dans les capacités des autorités. Ainsi l’habitant possédant un petit revenu peut constater que sa Ville est gérée de manière modeste et en fonction de ses possibilités. Alors que la présence majoritaire popiste était annoncée comme la prémisse à la mise sous tutelle de la commune, les mêmes disent maintenant que tant qu’il y aura Denis de la Reussille se sera impossible de changer car il gère bien la Ville.

Au Conseil général, le POP défend l’intérêt populaire d’une manière forte et déterminée. Par exemple, sa lutte contre la perte de l’hôpital. La déception s’est atténuée par l’aménagement d’une institution de convalescence rénovée et appréciée. L’augmentation des prestations complémentaires communales pour les plus démunis constitue un exemple du sens donné par les popistes à la politique. De même le prix des billets de la piscine et patinoire ne couvrent que le 20% des frais, le solde étant payé par le biais des impôts.
La forte présence du POP dans la ville s’explique par la présence par conviction de plusieurs camarades de la section au sein des sociétés locales. On trouve des popistes chez les Samaritains, au sein de l’Eglise, dans différentes associations culturelles et sportives, etc.

Ces présences hors du parti construisent une grande diversité de sensibilité au sein de la section et une vraie amitié existe entre les camarades.
Malgré les inévitables compromis dus à la gestion d’une commune existant dans un canton et un pays majoritairement à droite, les valeurs de base des popistes restent présentes dans la pratique politique des élus. La plupart des camarades de la section sont convaincus qu’être présents au sein de l’exécutif est salutaire. « Comment prôner le changement de société si nous n’agissons pas lorsque nous le pouvons, là où nous sommes ? » interroge le président du Locle.

Le rôle de Denis de la Reussille est-il prédominant ? Son comportement est un atout qui lui permet d’être lié à la population. Il n’a pas de voiture et voyage à pied ou en transport publics. Une manière de rencontrer chacun et donc d’avoir des échanges constants avec ses administrés. Par exemple, cela lui donne l’occasion d’expliquer que la présence de chaque frontalier apporte, par rétrocession d’impôts, 3’000 ou 4’000 francs à la Ville alors que les ressortissants d’autres communes ou canton de suisse, ne laissent rien : « Il faut expliquer ces réalités. » Bien entendu, le Loclois préférait voir ces salariés résider dans la ville.

Par ailleurs, le Locle est une ville industrielle. Cette réalité oblige les autorités à avoir les meilleures relations possibles avec les chefs d’entreprises bien qu’il ne faille pas surestimer le pouvoir réel de la commune dans le milieu industriel. Il n’y a pas de patrons de sociétés se comportant comme « des voyous » au Locle. Denis de la Reussille n’est pas la raison prédominante du succès du POP au Locle, mais il traduit de par son rôle un comportement respectueux envers la population et pratiqué par toutes les militantes et militants de la section.