Bush n’est pas le bienvenu sur les bords du Léman

Invité en février par une association sioniste, l'ancien président sera accueilli par une manifestation.

Invité en février par une association sioniste, l’ancien président sera accueilli par une manifestation.

Révélée par la Tribune de Genève, l’information a fait du bruit dans le Landerneau militant genevois : George W. Bush sera à Genève le 12 février prochain ! L’ancien président étasunien est l’invité d’un dîner de gala donné par Keren Hayessod dans les salons de l’hôtel Président Wilson, au bord du lac. Créée en 1920, Keren Hayessod est le principal organisme financier du mouvement sioniste. L’association récolte des fonds visant notamment à soutenir l’Aliya, soit l’installation de juifs en Israël et dans les territoires palestiniens occupés. En 2002, Keren Hayessod avait invité Bill Clinton pour une soirée à Genève. Son successeur a la tête de la première puissance mondiale a un passif beaucoup plus lourd. Rappelons que Bush est responsable de l’agression criminelle contre l’Irak en 2003, de la création du camp de Guantanamo ou encore de la violation des droits civiques dans son pays au travers du Patriot Act. A l’heure où les habitants de Gaza bloqués agonisent, la soirée du 12 février est une provocation. Selon la Julie, le carton d’invitation reprend une phrase prononcée par Bush en 2008 devant la Knesset : « Vous avez créé une société moderne sur la terre promise, une lumière pour les nations qui préserve l’héritage d’Abraham, Isaac et Jacob et vous avez construit une démocratie puissante qui durera éternellement. » Pour écouter ces propos édifiants, les 600 participants attendus devront débourser 500 francs. Des hommes d’affaires et des banques israéliennes de la place mettent aussi la main au porte-monnaie.

Il n’en fallait pas autant pour que la gauche et les forces progressistes se mobilisent pour préparer un accueil à la hauteur de ce criminel contre l’humanité. Une première réunion a rassemblé une quinzaine de représentants de partis de gauche, de syndicats et de mouvements de solidarité avec le peuple palestinien. L’idée est d’organiser une manifestation pacifique de la gare Cornavin à l’hôtel Wilson en début d’après-midi de ce samedi 12 février. Certes plusieurs heures avant le gala, mais afin que la manifestation puisse se tenir de jour et aussi de permettre la venue de manifestants d’autres cantons.

Que décidera le Conseil d’Etat ?

Pour les autorités, la tâche s’annonce difficile pour garantir le droit de manifester et éviter des débordements. On se souvient qu’en interdisant une manifestation contre le Forum de Davos en janvier 2009, le Conseil d’Etat avait provoqué des émeutes durant tout un après-midi autour de la gare. En novembre de la même année, le gouvernement genevois avait cette fois autorisé une mobilisation contre l’OMC. Mais en laissant se concentrer des casseurs et en intervenant brutalement ensuite, la police avait provoqué une nouvelle journée de désordre sur la rive droite. Quoi qu’il en soit, le risque de casse de quelques vitrines et voitures ne doit pas empêcher les citoyens d’exprimer leur juste et saine protestation et ne peut constituer une justification pour suspendre les libertés publiques. La démocratie vaut bien le prix de quelques bris de glace.