Quand La Gauche déboule en ville de Lausanne

Elections communales • Le POP, solidaritéS et Indépendants présentent 69 candidats dans la capitale vaudoise.

Le POP, solidaritéS et Indépendants présentent 69 candidats dans la capitale vaudoise.

C’est parti. Cette semaine, la liste La Gauche qui regroupe le POP, solidaritéS et des Indépendants a présenté sa liste pour les élections communales à Lausanne. L’affiche de campagne annonce d’emblée la couleur. La gauche du PS défend « une ville engagée, solidaire et populaire ». « La liste La Gauche s’inscrit dans la perspective d’un rapprochement des forces de la gauche combative entamé au niveau national. Débutée par un premier Congrès à Schaffhouse en novembre 2009, puis par le Congrès de fondation tenu en mai 2010 à Lausanne, cette nouvelle force se donne pour ambition de créer un mouvement anticapitaliste, écologiste, féministe et antiraciste », rappelle Elena Torriani, présidente du POP lausannois. La liste qui sera apparentée au PS et aux Verts, présente 69 candidats, à parité presque parfaite : 34 hommes pour 35 femmes. « On compte dix indépendants et dix personnes de nationalité étrangère », souligne Pierre-Yves Oppikofer, conseiller communal. « La présentation de tels candidats est cohérente avec nos revendications comme par exemple l’instauration du droit de vote des étrangers au niveau cantonal », explique le député Jean-Michel Dolivo. Rappelons que les citoyens étrangers pourront pour la deuxième fois depuis 2006 élire et se faire élire au niveau communal.

Quid du programme ? il se veut résolument « combatif ». Celui-ci défend plusieurs priorités notamment celle de construire du logement à loyer accessible. La jeune Maïla Kocher rappelle que la situation à Lausanne est plus qu’alarmante. « On se trouve face à une pénurie du logement et à des loyers élevés, liés à la spéculation immobilière. Des rénovations se font en entraînant des expulsions. Les classes moyennes et populaires doivent s’installer en périphérie », dénonce-t-elle. Face à cette pénurie, La Gauche propose la mise sur pied d’une politique publique de construction de logements sociaux, prise en charge par une entreprise municipale de construction, sur le modèle des Services industriels, afin de réduire les coûts de construction. « La ville doit mettre à disposition des terrains publics pour la construction de logements exclusivement à des fondations ou à des coopératives sans but lucratif », souligne la jeune militante. « Il faut aussi créer des logements d’urgence qui font défaut et promouvoir des contrats de confiance avec les jeunes », ajoute-t-elle.

De son côté, Julien Sansonnens, vice-président du POP Vaud, a précisé la politique de La Gauche en matière de sécurité. Il a expliqué qu’il attendait que « la police soit irréprochable dans son comportement ». Il défend la création d’un bureau communal de recueil de plaintes pour les personnes victimes d’actes et de comportement raciste. Loin du tout sécuritaire prôné par la droite, La Gauche veut surtout une police de proximité, proche de la population. La liste rejette aussi les projets de vidéosurveillance généralisés des radicaux libéraux. « C’est coûteux, inefficace et potentiellement liberticide », martèle Julien Sansonnens. Celui-ci récuse aussi l’interdiction de la mendicité, « une mesure démagogique et électoraliste n’ayant pour seul objectif que de retenir dans les rangs du PLR un électorat tenté par l’UDC », explique-t-il.

Indépendant et Français vivant à Lausanne depuis 17 ans, Christophe Marteil, militant du ROC (Réseau objecteur de croissance) veut mettre du vert dans le rouge. Il défend la gratuité des transports publics, de même qu’une augmentation de leur fréquence. Il milite aussi pour la construction rapide d’un M3 qui rejoigne le Flon à la Blécherette (Nord de la ville). Pour doper la qualité de vie des Lausannois, il propose aussi de généraliser les zones 30km/h, une politique forte de développement des pistes cyclables et rejette le principe d’une taxe poubelle, qui frapperait unilatéralement le riche ou les familles modestes. « Ces dernières doivent aussi bénéficier d’une dotation gratuite en fluides (eau, gaz, internet). Les rabais aux gros consommateurs doivent être interdits », lance-t-il. Plus original encore, il milite pour une agriculture de proximité urbaine, avec le développement de jardins familiaux, une production agricole biologique sur le territoire communal ou la végétalisation de tous les toits plats de la ville. La Gauche propose aussi nombre de revendications pour renforcer des services publics décentralisés, pour défendre le sport populaire ou promouvoir une culture accessible à tous. Pour l’heure, la délégation d’A gauche toute (devenu aujourd’hui La Gauche) compte 12 représentants au parlement de la ville à majorité de gauche. « Nous voulons maintenir ce chiffre ou le renforcer », explique Jean-Michel Dolivo.

Qu’est-ce qui distingue La Gauche des Verts ou du PS ? « On peut soutenir parfois les propositions de ces deux partis, mais nous avons notre propre spécificité, qui commence par une liberté de ton par rapport à l’exécutif et à notre municipal », explique le député. « Nous voulons faire une campagne qui nous permette d’aller dans les quartiers », souligne, de son côté, Elena Torriani. A Lausanne la bataille électorale promet d’être rude, même si la majorité de gauche (avec 64 sièges sur 100 lors de la dernière législature) peut difficilement être mise en danger par une droite fragmentée entre libéraux-radicaux, PDC, UDC, Verts libéraux et liste Lausanne libre.

Treize listes et 442 candidats sont donc en lice au parlement lausannois, alors que 20 candidats – dont le représentant sortant d’A Gauche toute, Marc Vuilleumier, sur le ticket rose-rouge, vert – se présentent pour les sept places à la Municipalité. SolidaritéS, de son côté, lance au premier tour ses propres candidats, Hadrien Buclin et Isabelle Paccaud, avant un probable ralliement avec la gauche au second. Pour le PS, la question est de savoir si ses deux nouveaux candidats, Florence Germond et Grégoire Junod pourront assurer la continuité de trois sièges socialistes en ville, à côté de celui du sortant Oscar Tosato. De leurs côtés, les Verts jouent la continuité, en représentant Jean-Yves Pidoux et l’inusable et plénipotentiaire (mais souvent critiqué à sa gauche) Daniel Brélaz.


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