Non, décidément, Armand Magnin ne renie rien

hommage • Une assistance nombreuse s'est pressée à l'anniversaire du militant historique, où un film a été projeté.

Une assistance nombreuse s’est pressée à l’anniversaire du militant historique, où un film a été projeté.

Ils étaient nombreux ce dimanche 6 février à venir fêter les 91 ans d’Armand Magnin, militant de toujours du Parti du Travail. A côté des camarades et militants, on dénombrait aussi des personnalités politiques comme le conseiller national PDC Luc Barthassat, la députée socialiste Loly Bolay, le conseiller administratif Rémy Pagani, Jean Ziegler, Erica Deuber-Ziegler ou encore Pierre Vanek, permanent de solidaritéS.

Armand Magnin a été député genevois de 1945 à 1992, conseiller national de 1981 à 1987, secrétaire général du Parti suisse Travail de 1978 à 1987, rédacteur de la Voix Ouvrière de 1964 à 1970 avant d’en devenir l’éditeur responsable de 1971 à 1982. Toutes ces activités ne l’empêchant pas de faire du sport, son dada : football, tennis, ski ou… golf.

Pour mieux connaître le personnage, la soirée a proposé un film documentaire de l’ancien réalisateur de la TSR, Jean-Charles Pellaud. Difficile en un peu plus d’une heure de faire le tour de l’homme. Fribourgeois d’origine, il est arrivé à 11 ans, en 1931, à Genève. Après sa formation scolaire, il entre chez l’entreprise métallurgique Similor. « Les conditions de travail, d’hygiène, les salaires, tout était lamentable », raconte-t-il. Rapidement il devient responsable de la commission syndicale. Soixante ans plus tard, Genève a bien changé. « On n’a rien fait pour garder l’industrie à Genève. Aujourd’hui, 74% des gens travaillent dans les services et le tertiaire. » De quoi expliquer, selon lui, un certain degré de démobilisation politique. « Quand on atteint un certain niveau de vie, on lutte moins », explique-t-il face à la caméra. Tout en étant syndicaliste, Armand Magnin milite et entre en politique. Il sera au congrès de fondation du Parti du Travail. En 1945, il est très jeune élu au Grand Conseil. Cette année-là, le parti sous l’aile nicoliste décroche 36 sièges, le PS n’en obtient que 8. « On n’était pas sûr qu’il ait le quorum », précise t-il. Ce succès est autant dû au prestige de Léon Nicole qu’à la victoire de l’URSS sur le nazisme. Le rapport au sein de la gauche se renversera au fil du temps. En 1947, le parti descend à 24 puis à 18. Aujourd’hui, absent du Grand Conseil, il compte 12 sièges au Conseil municipal de la Ville avec ses partenaires d’A Gauche toute !

Sur cette trajectoire du parti, Armand Magnin délivre dans le documentaire quelques pistes de réflexion, voir un message. Pour lui, l’unité de la gauche, c’est-à-dire avec le PS a toujours été « évidente ». « Tout seul nous n’aurions pu faire passer nos projets. Le PdT a été l’aiguillon du PS, lançant des projets de loi comme celui de trois semaines de vacances payées, concrétisées par un vote unanime de la gauche et des députés chrétiens-sociaux. » Défenseur de l’unité de la gauche, il plaide aussi pour que chacun sache garder son identité, comme c’est le cas à l’heure actuelle dans la coalition Ensemble à Gauche.

Dans le film, Armand Magnin reparle aussi des rapports avec l’URSS. Il rappelle que le PST a été plus critique avec le grand frère soviétique que le PCF ou le Parti communiste italien. « Nous n’avions pas de fil à la patte contrairement à ces deux partis », explique-t-il, même s’il estime que le PST aurait pu être plus critique durant les événements de Hongrie en 1956.

La fin du mur de Berlin signifie-t-elle pour autant la fin du communisme ? « C’est la fin d’un communisme qui n’était pas le communisme », estime Armand Magnin. Et l’avenir ? L’ancien député ne renie pas ses convictions et rappelle que le capitalisme est toujours là, devenant financier après avoir été industriel et qu’il continue à faire des ravages.

A l’issue de la projection, tout le monde, à commencer par le nouveau secrétaire cantonal du parti, Alexandre Eniline, a remercié chaleureusement le camarade Magnin.