« Indignez-vous » face à la situation en Palestine !

conférence • A Lausanne, une salle pleine a écouté a accueilli Stéphane Hessel et Michel Warschawski.

A Lausanne, une salle pleine a écouté a accueilli Stéphane Hessel et Michel Warschawski.

Grande affluence à la soirée organisée mercredi soir 15 mars à Lausanne par le Comité Urgence Palestine (CUP), dans une Salle des Cantons pleine à craquer ! Cet immense succès était dû en partie, il est vrai, à la présence exceptionnelle de Stéphane Hessel. Né en 1917 à Berlin dans une famille juive, puis devenu Français, grand résistant, survivant par miracle des camps nazis, il fut l’un des rédacteurs de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme de 1948. Cet ancien ambassadeur de France de 93 ans, à l’allure de jeune homme, au verbe élégant et chaleureux, est l’auteur de l’opuscule Indignez-vous ! qui fait un tabac en librairie. Ce petit ouvrage percutant fait référence aux idéaux du Comité National de la Résistance. Il invite les jeunes générations à prendre le relais, à « s’indigner » contre l’écart qui se creuse entre les plus riches et les plus pauvres, contre le sort réservé aux sans-papiers ou aux Roms, ou encore contre le pouvoir des médias asservis aux puissances de l’argent. Le principal sujet d’indignation de Stéphane Hessel, c’est aujourd’hui le sort fait par l’Etat d’Israël à la Palestine, et particulièrement à la « prison à ciel ouvert » de Gaza. Cette prise de position lui vaut les attaques insanes des milieux sionistes ultras, pour lesquels il serait un « juif qui se renie », un traître à son peuple…

C’est donc à la Palestine que Hessel a consacré à Lausanne un vibrant discours. Il a évoqué particulièrement le rapport Goldstone – rédigé, rappelons-le, par un juriste juif sud-africain – qui dénonce les crimes de guerre commis par l’armée israélienne lors de l’opération « Plomb durci ». Il a salué les récents événements en Tunisie et en Egypte, qui rappellent qu’un peuple peut secouer, pacifiquement, le joug des dictateurs. Le gouvernement israélien actuel est le plus xénophobe que ce pays ait jamais connu, mais il s’isole sur la scène internationale, et même une partie de la diaspora juive prend maintenant ses distances avec lui. Selon Hessel, la situation en 2011 est donc un peu moins bloquée qu’auparavant.

Une jeunesse internationaliste

Puis Michel Warschawski, figure connue et courageuse du militantisme israélien anticolonialiste, a développé des thèses similaires. Il a été frappé par le fossé entre l’enthousiasme dans le monde entier face au « merveilleux printemps arabe » et la gêne en Israël, car il est plus facile de se situer face à des régimes autoritaires. Il a dénoncé les analyses perverties et inintelligentes des néo-conservateurs : ainsi l’assimilation entre Al Qaida et les mouvements islamistes égyptien ou tunisien. Analyses qui relèvent de la philosophie du « choc des civilisations » qui opposerait la « civilisation judéo-chrétienne » à l’Islam assimilé à la barbarie, et dont le Mur érigé par Israël est l’expression concrète. Espérons nous tromper en disant que Warschawski se montre peut-être trop optimiste lorsqu’il avance que l’intransigeance israélienne risque bientôt d’être un boulet pour les Etats-Unis dans leur volonté de sauvegarder leurs intérêts dans la région. Au vu de l’extrême prudence d’Obama et de son attentisme face au problème palestinien, le revirement de la politique étasunienne envers son grand allié stratégique Israël ne semble pas être pour demain. L’orateur a dit enfin sa foi en la force d’indignation d’une jeunesse qui, certes, n’a pas la formation livresque marxiste de ses aînés, mais qui est foncièrement internationaliste, et perçoit spontanément où est le juste et l’injuste.

La soirée fut aussi l’occasion, pour le responsable du CUP Vaud Raymond George, d’évoquer le mouvement de boycott des produits israéliens (en réalité souvent originaires des territoires colonisés), sur le modèle du boycott de l’Afrique du Sud à l’époque de l’apartheid.

Rappelons enfin qu’une pétition à l’intention du Grand Conseil vaudois circule. Elle dénonce les agissements de l’UBS – notre chère banque helvétique sauvée du désastre par l’argent des contribuables – qui refuse toute tractation financière portant la mention « Palestine ». Elle invite le gouvernement vaudois à réduire ses relations d’affaires avec elle. On peut rêver… L’éclatante réussite d’une telle soirée montre qu’en ces temps où « les moyens de communication de masse ne proposent comme horizon pour notre jeunesse que la consommation de masse, le mépris des plus faibles et de la culture, l’amnésie générale et la compétition à outrance de tous contre tous », comme l’écrit Stéphane Hessel, les valeurs de solidarité internationale et de légitime indignation sont bien vivantes !


Stéphane Hessel, Indignez-vous !, éd. Indigène éditions, Montpellier 2011, 32 pages, 3€. Cet ouvrage peut être commandé à la Librairie populaire, 5 pl. Chauderon, 1003 Lausanne, tél. 021 646 86 75, fax 021 320 06 97, librairie(at)gauchebdo.ch