L’heure est trop grave pour laisser le peuple s’exprimer…

Grèce • La crise économique, politique et sociale secoue, de ricochet en ricochet, le monde entier. Dans un grotesque jeu de « je te tiens, tu me tiens, par la barbichette », la Chine est entrée dans le jeu, elle qui est contrainte de soutenir les économies occidentales qui lui achètent ses produits… Cette crise majeure a...

La crise économique, politique et sociale secoue, de ricochet en ricochet, le monde entier. Dans un grotesque jeu de « je te tiens, tu me tiens, par la barbichette », la Chine est entrée dans le jeu, elle qui est contrainte de soutenir les économies occidentales qui lui achètent ses produits…

Cette crise majeure a un certain nombre d’effets, à commencer par le fait qu’elle oblige de nombreux acteurs sociaux ou économiques à sortir du bois et dévoiler leur vision du monde, leurs valeurs, leurs buts… Depuis la décision prise par la Grèce d’organiser un référendum sur le « plan d’aide » (sic) européen, une violente poussée antidémocratique traverse tout ce que l’Europe compte d’analystes autorisés : « irresponsable », « fou », « suicidaire », on ne compte plus les accusations lancées contre le premier ministre grec et son peuple d’enfants à placer sous tutelle.

Entre la voix des marchés et la voix des urnes, nos élites ont tranché. La démocratie ne mange pas de pain tant qu’elle n’entame pas les profits des entreprises, des banques et des actionnaires. Dès lors que cette ligne rouge menace d’être franchie, elle doit être suspendue : place aux technocrates et aux experts non élus. Les mêmes qui ont plongé le monde dans le chaos économique.

Les masques sont tombés : la démocratie, c’est-à-dire la faculté, pour un peuple, de se choisir un destin, constitue une entrave au projet de l’Europe néolibérale. Ce n’est pas la première fois que la démonstration est faite : on se souvient du vote des Français sur la Constitution européenne, eux qui avaient eu l’outrecuidance de voter « non » malgré les injonctions des élites financières : c’est finalement par la voie parlementaire que le « oui » leur avait été imposé.