Il est l’heure de revaloriser la part salariale dans l’économie

votations • Contrairement à ce qu'affirme la droite, les salariés ont tout à gagner du salaire minimum.

Contrairement à ce qu’affirme la droite, les salariés ont tout à gagner du salaire minimum.

Les Neuchâtelois et les Genevois voteront le 27 novembre sur le principe de l’inscription d’un salaire minimum dans leur constitution cantonale. Les commentaires entendus ici et là par rapport à cette votation laissent penser que le NON l’emportera, la population travailleuse reprenant les « arguments » développés par le patronat sur le nécessaire nivellement par le bas de l’instauration d’une telle mesure. Bien entendu, la question n’est absolument pas là !

Qu’est-ce que le salaire ? Dans les sociétés dans lesquelles règne le mode de production capitaliste, le salaire est le prix de la force de travail, c’est-à-dire le prix auquel les travailleurs vendent leur force de travail au capital (patronat, bourgeoisie) contre une rétribution monétaire. Cette dernière permet aux salariés de reproduire cette force de travail, donc de vivre (s’alimenter, se loger, s’habiller etc.), durant un jour, une semaine, un mois selon les modalités d’engagement, et de la remettre à disposition de leur employeur. Cet échange entre employeur et salarié est le rapport fondamental sur lequel se fondent le mode d’exploitation capitaliste et la source de tous les profits réalisés par la classe possédante.

Le prix de la force de travail est déterminé, entre plusieurs autres facteurs, par les luttes passées et présentes des deux classes opposées qui bataillent chacune l’une contre l’autre pour augmenter ce prix d’un côté (les travailleurs) et pour l’abaisser de l’autre (les capitalistes, petits et grands). Si le salaire augmente, le taux de profit baisse et inversement. Le taux de profit représente tout pour le patronat, c’est pour cela qu’il lutte impitoyablement contre toute velléité d’augmentation des salaires.

Aujourd’hui, dans le monde du néolibéralisme décadent, le patronat et les organisations qui le représentent font mine de s’apitoyer sur le sort des salariés en semant le doute et en laissant entendre que l’instauration d’un salaire minimum irait directement contre les intérêts des travailleurs, les protections actuelles, sous la forme des conventions collectives de travail, étant soi-disant largement suffisantes. Il suffit de se pencher sur les secteurs de la restauration et de la vente pour se rendre compte de l’absurdité de telles affirmations.

Que le patronat défende ses intérêts se comprend aisément. En revanche, que les travailleuses et les travailleurs reprennent les discours du patronat, voilà qui laisse songeur et démontre surtout le degré de faiblesse auquel sont arrivées les associations historiques de défense des salariés, syndicats et partis de gauche. Cela démontre aussi le recul de la conscience de classe chez les exploités.

Depuis plusieurs décennies, d’innombrables cadeaux ont été faits aux possédants par les gouvernements, tant au niveau cantonal que fédéral, que ce soit en termes de baisses d’impôts successives et tous azimuts ou de la dérégulation du marché du travail vers plus de flexibilité. Cela a mené à ce que, depuis les années nonante, « la part des salaires dans la valeur ajoutée est tombée de 67% à 57% en moyenne dans les pays les plus riches », selon une étude de l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) datant de 2008.

Le 27 novembre, les citoyens neuchâtelois et genevois ont l’occasion de mettre un terme à la sous-enchère salariale, de décréter, souverainement, qu’ils refusent de se laisser tondre et d’affirmer, par là, leur droit à une vie digne.