Les patrons dictent la politique de formation

La politique néolibérale menée par le gouvernement a des conséquences néfastes pour la jeunesse.

La politique néolibérale menée par le gouvernement a des conséquences néfastes pour la jeunesse.

Le Conseil d’Etat a décidé, au début de l’année, de réduire le nombre de places disponibles dans les filières à plein-temps de la formation professionnelle, de durcir les conditions d’accès et d’instaurer un examen d’admission pour certains élèves, sous prétexte de promouvoir la formation professionnelle duale. Or, les règlements d’école concernés n’ont été modifiés qu’en décembre 2010, soit en cours d’année scolaire, peu avant la fin du premier semestre. Des parents, dont l’enfant a été recalé suite aux nouvelles conditions, ont fait opposition, arguant qu’il devait bénéficier des conditions d’admission connues au moment de son inscription. Les modalités de l’examen d’admission aux filières en école à plein-temps ont suscité de nombreuses critiques, y compris par les enseignants qui ont rédigé et corrigé les épreuves. Plusieurs de ces modalités ne répondaient manifestement pas aux critères généralement admis. Enfin, l’admission aux filières à plein-temps semblait davantage conditionnée par le nombre de places mises à disposition que par la capacité des candidats à réussir ces formations à plein-temps. 117 candidats sur 178 ont été recalés et furent aiguillés vers la formation duale. Or, il n’y avait pas suffisamment de places d’apprentissage pour absorber ce surplus d’apprenants. L’offre du Département de l’éducation, d’ouvrir davantage de classes de préapprentissage au besoin, n’a résolu en rien le problème. Il n’a fait au mieux que le repousser, sans réaliser pour autant les économies escomptées et en augmentant les risques d’exclusion professionnelle des plus faibles.

Sur la forme, on peut faire le débat concernant la justesse de renforcer la formation professionnelle duale, la mauvaise façon donc les départements de l’éducation et de l’économie agissent ou la mauvaise chance des jeunes qui ont échoué. Sur le fond, cette situation nous montre comme l’Etat adapte le système éducatif aux besoins productifs et de contrôle social du patronat. Seules 18% des entreprises neuchâteloises sont formatrices, soit la moitié de la moyenne suisse ; on peut conclure que l’engagement des patrons neuchâtelois pour la formation des jeunes n’est pas à l’ordre du jour.

L’Etat trieur et « purificateur » du marché

Le résultat concret des mesures prises pour l’Etat est de fortifier le rôle du système éducatif comme trieur et « purificateur » du marché du travail ; la tendance structurelle du marché du travail semble se consolider avec la politique éducative : les étrangers se concentrent dans les branches de la santé, du social et comme employés du commerce. C’est la prétendue réussite du Conseil d’Etat. Et au niveau de la gauche, une recommandation demandant au Conseil d’Etat de suspendre l’application des mesures et de renoncer a la fermeture de classes, présentée par les socialistes et le groupe PopVertsSol au Grand Conseil, a été refusée par 46 voix contre 44 ! Les jeunes et leurs familles ont de quoi se préoccuper ! Pour l’instant, ils organisent une table ronde, avec la participation des autorités cantonales et communales, des enseignants et de Pascale Gazareth, sociologue et présidente de la section du POP à La Chaux-de-Fonds.


« La situation des jeunes après l’école obligatoire », table ronde organisée par l’association Union des peuples immigrés, samedi 19 novembre à 17h au Club 44, 64 rue de la Serre, La Chaux-de-Fonds.