Les aides-soignantes ont signé un accord

grèves aux hug • La grève des aides-soignantes des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG) a pris fin par la conclusion d'une convention avec le Conseil d'Etat. Le syndicat SSP refuse toutefois de la signer.

La grève des aides-soignantes des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG) a pris fin par la conclusion d’une convention avec le Conseil d’Etat. Le syndicat SSP refuse toutefois de la signer.

Après 14 jours de grève et 7 séances de négociation, les aides-soignants ont finalement décidé de ratifier un accord avec le Conseil d’Etat genevois. Sur les 250 personnes présentes à l’assemblée générale du 16 novembre, près des deux tiers du personnel a approuvé l’accord et la fin des hostilités.

Entre 164 et 282 francs d’augmentations mensuelles

« Il s’agit d’un bon accord pour les 1’117 aides-soignantes des HUG, après la plus longue grève qu’aient connue les Hôpitaux », explique Manuela Cattani du syndicat SIT. Et d’en faire l’inventaire : toutes les aides-soignantes, qualifiées ou non, obtiendront une revalorisation de leur fonction d’une classe. Les augmentations mensuelles de salaire pour le personnel oscilleront entre 164 et 282 francs. Concrètement, cela signifie qu’une aide-soignante en début de carrière située en classe 7 et qui passera en classe 8 verra son salaire brut passer de 4’598 francs à 4’805 francs. Cette augmentation de salaire en coûtera 1,5 million par an à l’Etat. « Nous avons aussi obtenu que toutes les aides-soignantes non-diplômées, très nombreuses dans les EMS bénéficient également de l’accord qui leur vaudra une augmentation salariale de 195 francs en moyenne en 2013 », précise Julien Dubouchey du SIT. « Dans la situation économique actuelle peu favorable aux avancées sociales, il s’agit d’une véritable victoire », souligne encore Manuela Cattani. Le syndicat a aussi obtenu l’engagement du Conseil d’Etat pour qu’il défende l’accord devant le Grand Conseil, qui devra se pencher sur cet amendement dans le cadre de l’examen de son budget 2012.

Le SSP regrette l’arrêt de la grève

Si les négociations satisfont le SIT, c’est loin d’être le cas du syndicat SSP, qui refuse de signer l’accord comme en a décidé une assemblée générale des membres SSP. « Nous voulions une réévaluation de la fonction de la classe 7 à 10, sur la base de la reconnaissance de l’accroissement des tâches des aides-soignantes reconnu par un rapport externe », regrette Corinne Béguelin, en dénonçant le SIT, qui ferait le jeu du Conseil d’Etat par l’arrêt prématuré de la grève. « Il faudra maintenant des dizaines d’années pour obtenir une revalorisation en classe 9 des aides-soignantes », s’offusque une syndiquée SSP. « Le Conseil d’Etat nous a bafouillés et bafoués », se plaint une autre membre du syndicat.

Autre pierre d’achoppement : la baisse du montant de la prime d’inconvénient de service dite de gériatrie de 327 aides-soignantes qui passera de 3,55 francs par heure à 2,25 francs. « Nous refusons cette remise en cause d’un acquis et voulons le maintien de cette prime », explique Corinne Béguelin. Si le SIT reconnaît que la hausse de salaire sera moindre – de l’ordre de 80 à 150 francs – pour le personnel qui touche cette prime, il se félicite de son intégration dans le salaire. « Cette intégration est très favorable aux salariés en termes de droit à la retraite », assure Manuela Cattani. Elle rappelle aussi qu’avec le futur projet de réévaluation globale SCORE de la fonction publique, le système de primes pourrait disparaître.

Les deux syndicats se retrouvent cependant pour saluer la mise en place de formation qualifiante pour les aides-soignantes.

« On va continuer à se battre pour réévaluer la fonction de classe et maintenir les acquis », explique Corinne Béguelin. Le syndicat SSP ne fera pas grève, mais envisage des mesures juridiques pour obtenir une réévaluation du statut.

Les employés du nettoyage et des labos poursuivent leur mouvement

Le conflit s’envenime avec la direction des HUG alors que le Conseil d’Etat refuse d’ouvrir des négociations.

Une semaine après le lancement de la grève du personnel de nettoyage et des laboratoires, la situation reste au point mort aux HUG. Le 16 septembre, le Conseil d’Etat avait refusé de recevoir les 200 grévistes montés à l’Hôtel-de-Ville. Face à ce mutisme, le syndicat SSP et les grévistes avaient décidé d’intensifier leurs actions de lutte. Le syndicat voulait ainsi restreindre l’accès aux poches de sang pour transfusion, prélevé par le Centre de transfusion sanguine (CTS) de Genève, tout en le stockant pour une utilisation ultérieure. But de la manœuvre ? Obliger les HUG à délier sa bourse pour en acheter auprès d’autres CTS. Réunis en assemblée, les salariés ont finalement décidé de surprendre cette action. « Plutôt que de surenchérir dans l’agressivité, les grévistes ont décidé de calmer le jeu », explique Yves Mugny, secrétaire syndical du SSP. « Par ce geste de bonne volonté, les grévistes entendent décrisper la situation. C’est une main tendue au Conseil d’Etat pour qu’il ouvre rapidement des négociations », assure le secrétaire syndical. Par contre, l’action de cessation partielle de la validation des analyses dans les laboratoires des HUG continue.

« Les prestations indispensables aux patients sont assurées »

La direction des HUG a pourtant déposé plainte pénale contre le SSP « pour mise en danger de la vie d’autrui et instigation à la mise en danger de la vie d’autrui ». Des retards d’analyse auraient été constatés à la Maternité durant la fin de semaine dernière. « Nous n’avons connaissance d’aucun fait de ce type. Les employés ont scrupuleusement accompli les prestations indispensables à la survie des patients », assure Yves Mugny.

La direction des hôpitaux a aussi menacé de suspendre, avec effet immédiat et sans traitement, tout collaborateur du laboratoire d’immuno-hématologie transfusionnelle, astreint au service minimum, qui ne l’effectuerait pas, avec ouverture d’une enquête administrative.

La balle est dans le camp du Conseil d’Etat, qui a seule compétence pour les décisions relatives aux réévaluations de fonction. Cependant le gouvernement a une nouvelle fois fait savoir le 17 novembre qu’il n’entrera pas en matière sur des demandes d’augmentation salariale avant l’entrée en vigueur d’une nouvelle grille des salaires prévue début 2013 dans le cadre du projet SCORE.