Cointrin représente un tiers des émissions du canton

Genève • L'association Noé21 veut réduire les dégagements de CO2 liés au trafic aérien.

L’association Noé21 veut réduire les dégagements de CO2 liés au trafic aérien.

« Plutôt qu’un week-end en avion à Barcelone, pourquoi ne pas rejoindre le Valais en train ? », lance Jérôme Strobel, physicien au sein de l’association genevoise Noé 21, qui promeut de nouvelles solutions face au changement climatique. Le groupe, qui organisait un café climatique et énergétique le 30 novembre à Vernier pour aborder le thème de l’augmentation du trafic aérien à Cointrin, a fait ses calculs. Le nombre de litres de kérosène acheté par les compagnies aériennes engendre un million de tonnes de CO2. « Ce qui équivaut à près d’un tiers des émissions de gaz à effet de serre du canton », précise le physicien. « En dix ans, le trafic aérien sur le tarmac a augmenté de 63% Avec la venue de Easyjet, on est passé de 8 à 12 millions de passagers transportés, on va droit dans le mur », estime Jérôme Strobel qui rappelle que le Canton voudrait encore agrandir l’aile est de l’aéroport pour pouvoir accueillir des gros-porteurs, en investissant 500 millions de francs.

Cette augmentation de la pollution n’est pourtant pas une fatalité. Dans le transport aérien, Noé21 estime qu’il y a place pour améliorer l’efficacité. Les transporteurs peuvent encore consommer moins de kérosène, ce qu’ils ont d’ailleurs fait après la crise du secteur, née après les attentats du 11 septembre 2001. A plus ou moins long terme, l’association estime qu’on pourrait aussi remplacer le kérosène par du biocarburant n’entrant pas en compétition avec l’agriculture, c’est-à-dire issu de déchets de bois ou d’algues, mais non de matière agricole. « On peut aussi améliorer les routes grâce à de nouveaux outils informatiques pour qu’elles soient plus directes », explique notre interlocuteur. « Toutefois, ces solutions ne permettront de loin pas d’éviter la question cruciale, celle de la diminution du nombre de vols », juge-t-il.

Des compensations volontaires insuffisantes

Les compagnies ne font-elles pas un effort, en proposant aux passagers de compenser écologiquement leurs émissions ? « Celles-ci sont volontaires, ce n’est pas suffisant », estime Jérôme Strobel. Il rappelle aussi que ces projets de compensation peuvent être bons ou pas. Exemple du premier : l’amélioration des fours à charbon de bois en Afrique. Ceux-ci dégagent des émanations toxiques. « On peut facilement améliorer leur rendement, tout en réduisant la consommation de bois », précise le physicien. On pourrait aussi imaginer de créer un fonds de compensation, pour rénover les bâtiments. « Cela renchérira le billet, mais on ne va pas y couper », note le militant qui rappelle que l’Union européenne va inclure le trafic aérien dans le système européen d’échange de quotas d’émissions (ETS) à partir de 2012. Ce qui va déboucher sur une taxe sur les vols intra-européens ou à destination de l’UE.

Plus fondamentalement, Jérôme Strobel en appelle aussi à un changement du mode de consommation des voyageurs, soulignant que le low cost dans le domaine aérien est un besoin créé de toutes pièces par le marketing : « Il y a une réelle urgence à réfléchir sur les raisons qui nous poussent à voler », explique-t-il, tout en suggérant que certaines conférences internationales pourraient se dérouler en vidéoconférence. Les pouvoirs publics, qui se félicitent de l’augmentation du trafic, sont-ils assez conscients de cet impact négatif du trafic aérien ? « Le programme de législature du Conseil d’Etat ne contient aucune mesure environnementale en la matière », déplore-t-il.