Des usagers complètement piégés par les TPG

Le Conseil d'Etat, la direction des TPG, mais aussi la Ville sont responsables de la gabegie du tram.

Le Conseil d’Etat, la direction des TPG, mais aussi la Ville sont responsables de la gabegie du tram.

Suppressions de lignes, de trams directs, des Proxibus, allongements des trajets, retards et encombrements, nouveaux distributeurs qui n’acceptent pas les cart@bonus, tram vers Bernex qui s’arrête bien loin du village… La gabegie est totale dans le nouveau réseau des Transports Publics Genevois (TPG) inauguré le 11 décembre dernier.

Michèle Künzler pas pressée de régler les problèmes

Dans un premier temps, la conseillère d’Etat en charge des transports, Michèle Künzler, a, dans la Tribune de Genève, appelé les usagers à « faire preuve de patience » et à attendre des « réglages » prévus en… juin.
Face à la persistance des critiques, le Conseil d’Etat a annoncé le 10 janvier des « mesures concrètes d’amélioration ». Le gouvernement n’en a trouvé que trois à prendre : la prolongation du dispositif d’information des usagers jusqu’aux vacances de février, qui ne devrait guère réduire la grogne des Genevois, le retour de la ligne 3 sur son parcours historique, mais seulement à partir du 20 février, et la mise en place d’une ligne réservée aux bus sur le pont du Mont-Blanc. Cette dernière mesure n’est pas vraiment courageuse puisqu’elle est acceptée depuis plusieurs mois par le TCS. De plus, elle se limitera au sens rive gauche – rive droite et en excluant les trams.

La Ville est responsable du scandale de Bel-Air

Le Conseil d’Etat n’entend pas revenir en arrière en réintroduisant les lignes de trams 13 et 16 alors même que les pôles d’échanges ne sont pas au point. Au rond-point de Plainpalais et au Stand, ceux-ci obligent les passagers à traverser des axes routiers. Le mobilier urbain n’est pas non plus à la hauteur. Ainsi à Bel-Air, les usagers ne sont plus protégés de la pluie, ni du vent et on ne trouve même plus un banc pour les petits vieux ! Là, le responsable de ce véritable scandale n’est pas l’Etat, ni les TPG, mais la Ville de Genève. Toujours obnubilé par l’esthétique du mobilier urbain, le Service de l’aménagement a viré le marchand de marrons et semble s’être plus concentré sur une pâle guérite destinée à un glacier, guère de saison, que sur les Genevois transis.

30 minutes en plus par jour !

Concrètement, depuis le 11 décembre, par la suppression des lignes 13 et 16, un certain nombre d’usagers a vu ses temps de parcours s’allonger, jusqu’à 30 minutes par jour passées en plus dans les TPG et en attendant sous la pluie à Bel-Air ! Alors même que le Conseil d’Etat a choisi ce 11 décembre pour augmenter les tarifs.

Ce choix de privilégier les cadences plutôt que les lignes directes est critiqué par des experts en mobilité. Une option que n’ont pas prise les villes alémaniques qui possèdent des réseaux de trams dynamiques et pratiques.

« Tout le monde a compris que le réseau ne marchait pas, sauf Künzler »

L’Association des usagers des transports publics exige des modifications urgentes du nouveau réseau.

Face au mécontentement des Genevois quant au nouveau réseau des TPG, le Conseil d’Etat et la direction des TPG ont reconnu quelques erreurs de fonctionnement. Les mesures officielles envisagées ne suffisent pas et ne sont que « des coups d’épée dans l’eau », estime cependant Jean Spielmann, président du Parti du Travail et membre de la nouvelle Association des usagers des transports publics (UTPG), lors d’une conférence de presse. Une lettre a donc été adressée au Conseil d’Etat le 11 janvier, dans laquelle l’UTPG demande que des modifications urgentes soient faites : rétablir, notamment, les lignes de trams supprimées, interdire la rue du Rhône à la circulation privée et instituer une commission d’experts indépendants. Le dépôt d’une motion au Conseil municipal, initiée par des représentants d’Ensemble à gauche et soutenue par l’UTPG, et le lancement prochain d’une pétition sont également deux autres initiatives dévoilées lors d’une conférence de presse. La conseillère municipale Salika Wenger ne cache pas son insatisfaction quant à la réponse du Conseil d’Etat au mécontentement genevois : « Tout le monde a compris que le réseau ne marchait pas, sauf Madame Künzler », admoneste-t-elle. Le manque de desserte des communes en dehors des heures de pointe est parallèlement, selon elle, une « manière de fermer la ville à un certain type de population », avec pour but un centre-ville « vide » et sans ennuis. L’ancien conseiller d’Etat Christian Grobet, quant à lui, désapprouve le manque de consultation des usagers des TPG et des associations concernées et dénonce « l’incompétence » régnant autour du projet.

Présente également lors de cette conférence de presse, Sophie-Anne Roh est une jeune étudiante passée du statut d’usagère en colère à militante, sans affiliation politique ni associative toutefois. Instigatrice d’une manifestation le 7 janvier sur la place Bel-Air, elle avoue avoir voulu donner une voix aux usagers mécontents par le biais d’une pétition.

L’UTPG et Sophie-Anne Roh poursuivent le même but : dénoncer les dysfonctionnements et l’incohérence du nouveau réseau avec un maximum de résonance politique et populaire possible afin que la direction des TPG, le Conseil d’Etat et le Conseil administratif reconnaissent leurs erreurs et mettent en place des mesures satisfaisant les usagers des TPG.