Le Sanglier Claude-Alain Voiblet a laissé des traces dans le Jura

élections cantonales vaudoises • Le candidat de l'UDC a quitté le Jura bernois après la faillite de la fondation du Bellelay qu'il dirigeait.

Le candidat de l’UDC a quitté le Jura bernois après la faillite de la fondation du Bellelay qu’il dirigeait.

Claude-Alain Voiblet sera donc le candidat de l’UDC vaudoise pour l’élection au Conseil d’Etat. Lâché par son parti, Pierre-Yves Rapaz, « l’anorexique culturel » (comme il s’était lui-même qualifié) a accueilli la nouvelle… en démissionnant de la présidence du groupe UDC au Grand Conseil ! Ambiance… Quant à Dylan Karlen, qui a précisément été responsable de la campagne de M. Rapaz, il a expliqué qu’« on peut peut-être garder Pierre-Yves Rapaz pour une autre échéance mais ce n’est pas le candidat du moment ». Pierre-Yves Rapaz est donc hors course, il sera « peut-être » ressorti du placard selon les besoins du parti et les décisions des hautes sphères. A suivre…

Les médias ne tarissent généralement pas d’éloges sur le coordinateur romand de l’UDC, complaisamment présenté comme un « fin stratège », pompeusement qualifié de « tribun » « célèbre pour ses coups politiques ». Rares sont pourtant les analystes qui semblent être allés plus loin que la page d’accueil du site internet de M. Voiblet. A quelques exceptions près (24 Heures l’année passée, et un excellent article de Chantal Tauxe dans L’Hebdo), personne ne semble s’être demandé pourquoi un politicien aussi prétendument brillant a soudainement mis un terme à sa carrière politique dans le Jura bernois. Pourquoi un homme politique présenté comme un surdoué se retrouve-t-il presque du jour au lendemain en terre vaudoise, alors qu’il a exercé un mandat de député pendant onze ans, et était maire de Reconvillier ?

C’est que l’ancien Sanglier traîne derrière lui quelques casseroles suffisamment bruyantes pour l’avoir décidé à quitter le Jura bernois. Et comme les Vaudois ne sont pas des gens plus curieux que les autres…
La Fondation Bellelay, institution d’utilité publique, est créée en 1998 par près de soixante communes et diverses associations et personnes privées. Organisation de promotion touristique de cette région du Jura bernois, elle est financée par les cantons de Berne et du Jura. Parmi ses buts, la fondation souhaite développer, outre le tourisme, le cheval des Franches-Montagnes et divers produits du terroir. Claude-Alain Voiblet est son premier directeur.

Selon le « dictionnaire du Jura », de nombreux problèmes apparaissent, dès 2001 : crédit de construction dépassé, problèmes dans la conception des bâtiments… le centre ne peut pas fonctionner. La crise se poursuit sur fond de conflits de personnes et de licenciements. En 2002, le président du Conseil de fondation rend son tablier, et trois autres membres démissionnent. Le président de Jura bernois Tourisme, Gabriel Zürcher, suggère directement dans le Journal du Jura qu’un nouveau directeur soit nommé à la tête de la fondation, mettant en cause les compétences de M. Voiblet. On apprendra que des irrégularités ont même été commises dans les comptes de l’exercice 2001 : ceux-ci ne dégageaient pas un bénéfice de 5’481 francs mais bien une perte de 401’460 francs (Le Temps, 14.03.07). Il ne s’agit pas ici de dire que M. Voiblet a maquillé les comptes, mais qu’il a failli à exercer, comme directeur, le contrôle nécessaire.

« Voiblet a démissionné juste avant qu’on ne l’éjecte »

En fonction depuis quelques semaines, le nouveau président du Conseil de fondation annonce que la situation financière de l’institution, toujours dirigée par Claude-Alain Voiblet, est catastrophique. Cette annonce sonnera comme un coup de grâce, contraignant le « fin stratège » à la démission. « Ici, plus personne ne lui aurait donné le petit doigt après ce qui est arrivé », témoigne une personne qui a participé à l’aventure. « Il avait la folie des grandeurs. Il était bon pour lancer des projets, moins pour les gérer. » (24 Heures, 05.01.11). Confronté à une situation de crise, le canton demandera un audit, qui mettra en lumière un dépassement de deux millions du budget prévu pour la construction. Malgré la nomination d’un nouveau directeur, la fondation ne parviendra pas à se remettre des erreurs comptables, et la faillite sera prononcée en décembre 2004.

L’arrivée de Claude-Alain Voiblet en 2003 dans le canton de Vaud coïncide avec son départ de la Fondation Bellelay. Parler de « départ » est d’ailleurs bien imprécis. Dans un article de L’Hebdo mis en ligne en février 2011, André Rothenbühler, maire de Pontenet et ancien membre du conseil de la Fondation Bellelay, précise quelque peu les choses : « Claude-Alain Voiblet a démissionné juste avant qu’on ne l’éjecte ».

De ce gouffre à millions, on ne trouve aucune évocation sur le site internet de M. Voiblet. C’est comme si le Docteur Claude avait disparu au profit du Mister Alain, Vaudois, vierge, et nouveau-né politique. L’aventure a pourtant, selon L’Hebdo, coûté 8,1 millions aux contribuables bernois. De quoi remettre dans leur contexte les leçons de bonne gestion adressées systématiquement à la Municipalité de Lausanne par Monsieur Voiblet et par son parti…