Etre féministe aujourd’hui ?

Lutter pour la défense des intérêts des femmes, dans notre société, pour l’amélioration et l’extension de leurs droits et leur totale émancipation des rapports de domination dont elles font l’objet, c’est être féministe. Après 40 ans de lutte, pouvoir dire que le débat est clos et que tout acquis, il y a loin de la...

Lutter pour la défense des intérêts des femmes, dans notre société, pour l’amélioration et l’extension de leurs droits et leur totale émancipation des rapports de domination dont elles font l’objet, c’est être féministe. Après 40 ans de lutte, pouvoir dire que le débat est clos et que tout acquis, il y a loin de la coupe aux lèvres.

Même dans nos sociétés dites démocratiques, les rapports de domination de genre perdurent ! Et les avancées dont jouit une partie des femmes se font sur le dos d’autres femmes moins bien nanties. Aujourd’hui, le féminisme prend des allures de lutte des classes. Il se construit sur les difficultés sociales d’autres femmes et ce ne sont ni les mamans de jour à 4 francs de l’heure, ni les femmes de ménage portugaises ou les prostituées d’ici et d’ailleurs, qui diront le contraire. Le prix est très cher payé pour être passé sous silence.

Hommes et femmes sont prisonniers de schémas normatifs aussi contraignants pour les uns que pour les unes. Les femmes ont fait une petite partie du chemin sur cette réflexion, mais rares sont les hommes qui, refusant le rôle qui leur est assigné, acceptent de faire ce travail long et douloureux de remise en cause. Je ne veux ni les plaindre ni les blâmer. Mais une chose est certaine, nous n’avons pas mené toutes ces luttes pour que de femmes nous redevenions femelles et c’est ce qu’il se passe en ce moment. Comme si nos luttes avaient ouvert une brèche, comme si cette appropriation de nos corps tant revendiquée nous réduisait finalement à ce corps ou pire à des corps fantasmés et rien de plus.

Dans cette perspective, la lutte continue.