Une loi pour bâillonner la gauche

La gauche appelle à rejeter la nouvelle loi sur les manifs.

La gauche appelle à rejeter la nouvelle loi sur les manifs.

Le projet de durcissement de la loi sur les manifestations à Genève, déposé par les libéraux et accepté par la majorité du Grand Conseil, sera soumis au peuple le 11 mars. Il a provoqué un référendum de la gauche, qui estime, comme l’explique Irène Buche du Parti socialiste, que cette loi est « une atteinte disproportionnée et excessive au droit à manifester ». La loi actuelle est en effet déjà extrêmement restrictive ; le projet, lui, l’est encore plus. Les autorisations de manifester pourront dès lors être refusées aux organisateurs pendant une durée d’une année à cinq ans de manière aléatoire, même sans faute commise par le passé, si le Département de la sécurité, de la police et de l’environnement juge que la future manifestation risque d’entraîner des dégradations publiques et de mettre en danger les citoyens, alors même que, sur 2’645 manifestations ayant eu lieu depuis 2003, seules trois ont eu une issue malheureuse. Pire, les amendes infligées aux organisateurs en cas de dérapages s’élèveront jusqu’à 100’000 francs. Christian Cudré-Mauroux, commandant de la gendarmerie, a lui même reconnu, en séance de commission, que ce n’était pas la loi qui posait problème, mais bien les incidents, en grande majorité imprévisibles, qui arrivent sur le terrain lors des manifestations. Lionel Roche, d’Unia, y décèle, en contexte de crise financière, une stratégie de la droite pour museler le droit à l’expression des travailleurs, « qui ont plus que jamais besoin de manifester pour de meilleures conditions ». Ce droit reste bien souvent, estime-t-il, leur ultime manière de dénoncer la sous-enchère salariale et leurs conditions de travail, plus particulièrement pour les immigrés qui n’ont pas le droit de vote et pour qui la manifestation demeure l’unique occasion lors de laquelle ils peuvent donner de la voix. La Communauté genevoise d’action syndicale (CGAS) dénonce ce durcissement et conseille au peuple de voter non.