Le Front de gauche présente ses priorités économiques à Genève

Français en Suisse • Le rouge est à l’honneur pour la première rencontre citoyenne organisée le 27 mars par le Front de gauche à la Maison des associations à Genève. C’est la couleur des affiches de Jean-Luc Mélenchon, mais aussi celle de l’écharpe de Magali Orsini, candidate du Front à l’Assemblée nationale dans la 6ème circonscription Suisse et Liechtenstein...

Le rouge est à l’honneur pour la première rencontre citoyenne organisée le 27 mars par le Front de gauche à la Maison des associations à Genève. C’est la couleur des affiches de Jean-Luc Mélenchon, mais aussi celle de l’écharpe de Magali Orsini, candidate du Front à l’Assemblée nationale dans la 6ème circonscription Suisse et Liechtenstein pour les Français de l’étranger et celle aussi du foulard de Delphine Fraudeau, ancienne banquière et membre du collectif « les économistes atterrés ». Les marchés financiers et leur contrôle au menu du jour de la septantaine de personnes présentes, en majorité franco-suisses. Le programme du Front sur ce thème sent la patte de l’économiste en chef du Front, Jacques Généreux, professeur à Sciences-Po Paris et qui lui aussi quitté les rangs du PS. « Il n’y a pas de résignation à avoir face à la crise économique, à la mondialisation libérale, à la dictature des marchés ou au Traité de Lisbonne », lance, en préambule, Magali Orsini. Face au fatalisme ambiant, à la crise et à la baisse de salaires, il existe un autre horizon, une révolution citoyenne que trace la candidate. « Les Etats-nations ont des pouvoirs et l’Etat, c’est nous », explique-t-elle. Le discours volontariste dénonce toute tentative de repli nationaliste et égrène des perspectives comme la création d’un pôle bancaire et d’assurances public, la taxation des transactions financières, l’augmentation du salaire minium à 1’700 euros, une refondation de la fiscalité. « Aujourd’hui, la charge de la fiscalité retombe entièrement sur les classes moyennes, qui ne peuvent plus consommer. En introduisant quatorze tranches dans un impôt progressif, on peut trouver des milliards », explique Delphine Fraudeau. Le Front de gauche propose aussi de supprimer le bouclier fiscal décidé en début de mandat par Nicolas Sarkozy. La proposition de loi anti-évasion fiscale pour imposer les revenus des Français à l’étranger fait débat dans l’assistance. Magali Orsini se fait rassurante : « Il s’agit de taxer les riches exilés fiscaux comme nous le faisons ici, avec La Gauche, en ayant lancé une initiative pour la suppression des forfaits fiscaux à l’échelle suisse ». Elle rappelle que le programme du Front de gauche ne peut pas être découpé et qu’il s’agit d’une mécanique qui lie par exemple la planification écologique au thème économique. La mayonnaise de la discussion prend et les auditeurs se lancent dans la discussion. Dans l’assistance, quelqu’un se demande si la relance de l’activité par la hausse des salaires ne va pas créer de l’inflation et une augmentation des importations. Une autre personne veut en savoir plus sur le concept de relocalisation. « Il ne s’agit pas de relocaliser n’importe quoi, mais il est aberrant que des entreprises comme ArcellorMittal délocalisent leur production nécessaire à la production en France pour répondre seulement aux attentes d’actionnaires », explique la candidate. Eddie Lacombe, membre de l’Association de défense des chômeurs (ADC) dénonce plus largement une certaine indifférence des classes les unes par rapport aux autres et pourfend l’individualisme ambiant. De son côté, une autre personne qui se définit comme un communiste issu d’une famille riche rappelle que Mélenchon veut « tout casser » afin de mettre au pas les marchés financiers. « Si on n’est pas au PS, c’est pas pour rien, c’est pour sortir du ronron habituel », souligne-t-il. « Nous n’allons pas descendre dans la rue avec des armes », explique Magali Orsini, « Nous croyons à une révolution par les urnes », explique-elle. Jean-Luc Mélenchon a-t-il une chance de pouvoir appliquer ses recettes ? « Nous sommes toujours dans un rapport de forces. Pour réussir, il faut aussi obtenir une majorité de sièges du Front de gauche à l’Assemblée nationale », prévient Magali Orsini.

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Magali Orsini, candidate du Front en Suisse, et Delphine Fraudeau, économiste. (photo Carlos Serra)