Veillée d’armes syndicale avant mobilisation

Après Neuchâtel et Genève, le Canton de Vaud propose à son tour de revoir le 2ème pilier de la fonction publique. Le Conseil d'Etat exige des sacrifices des salariés pour renflouer les caisses de pension publiques. La balle est à présent dans le camp des syndicats.

Après Neuchâtel et Genève, le Canton de Vaud propose à son tour de revoir le 2ème pilier de la fonction publique. Le Conseil d’Etat exige des sacrifices des salariés pour renflouer les caisses de pension publiques. La balle est à présent dans le camp des syndicats.

Le Conseil d’Etat a proposé le 29 janvier dernier un plan pour améliorer le financement de la Caisse de pension de l’Etat de Vaud (CPEV). Au programme : une contribution unique de l’Etat (1,15 milliard), des cotisations plus élevées et des prestations plus basses. Mais au fond, pourquoi faut-il recapitaliser ? Bref rappel.

Baisser les rentes aujourd’hui
pour pouvoir privatiser demain

Ce genre de programme touche l’une après les autres les caisses de pension publiques. Il faut dire qu’une loi fédérale change les règles du jeu dès janvier 2014, en demandant que les caisses disposent d’ici 40 ans d’un capital capable de couvrir 80% des rentes dues. Jusqu’à présent, les caisses qui avaient une garantie de l’Etat ne nécessitaient pas d’avoir un capital couvrant toutes les prestations futures de leurs assurés. Cela permet des prestations un peu plus élevées que pour les caisses privées : au lieu d’immobiliser les cotisations des travailleurs jusqu’à leur retraite, une partie peut être utilisée pour financer les rentes des retraités actuels. Et une fois à la retraite, les travailleurs d’aujourd’hui sont aussi assurés de recevoir des prestations financées par les employés de demain. Les collectivités publiques garantissent la pérennité du système. La droite libérale voit d’un mauvais œil ce système, parce qu’il ne répond pas à la logique des assurances privées, et parce qu’il pose problèmes lorsque l’Etat diminue massivement ses effectifs. En d’autres termes : on baisse les rentes aujourd’hui pour pouvoir privatiser demain.

Les baisses de rentes, dans le canton de Vaud, prennent la forme d’un nouveau calcul : la pension représente actuellement 60% du salaire des trois dernières années ; progressivement, cela deviendrait 60% du salaire de l’ensemble de la carrière. Problème : la compensation de l’inflation ne sera pas garantie, ce qui représente sans doute à terme une baisse des rentes de plus de 20%. Les années de cotisations nécessaires à la rente complète monteront à 38 au lieu de 37,5, et l’âge terme sera augmenté de deux ans. La rente-pont que peuvent prendre les préretraités serait aussi plus limitée dans son montant et sa durée.

Parmi les gestes du Conseil d’Etat, ce dernier propose de prendre à sa charge le financement de la rente-pont, diminuant d’autant les charges de la caisse de pension. Il invoque aussi la diminution des prix à la consommation des dernières années (0,.9%), qui n’a pas été répercutée sur les salaires. Il propose de ne pas tenir compte de cette « dette » des salariés, et de reprendre l’indexation des salaires dès que les prix augmenteront par rapport à 2013. En contrepartie, il demande un pourcent de cotisation supplémentaire de la part des employés.

Front uni syndical en vue des
négociations avec le gouvernement

Les trois syndicats des services publics (FSF, SSP, SUD) ont fait salle comble pour parler de ce sujet le 4 février. Plus de 300 personnes étaient venues s’informer, et dire leur opposition.

Les interventions ont rappelé les sacrifices consentis par la fonction publique au cours des années passées, en comparaison avec la situation financière très enviable du Canton. Elles ont contesté la répartition des charges invoquée par le Conseil d’Etat, dont les calculs sont tout sauf transparents. Elles ont rappelé que de nombreuses mesures frappaient en premier lieu les femmes, en pénalisant les temps partiels et les carrières incomplètes. Les trois syndicats ont affirmé leur opposition, de même que les représentants des gendarmes. Un texte de revendications unitaire a été signé afin de préparer une mobilisation des fonctionnaires sur la base de six revendications. Parmi celles-ci, on trouve l’opposition ferme au calcul de la rente du deuxième pilier sur la base de l’entier de la carrière plutôt que sur les trois dernières années de travail. Il veut aussi un maintien du niveau des rentes, la protection du droit des assurés, refuse une retraite au-delà de 62 ans et un plein-droit garanti pour tous les assurés après 37,5 ans de cotisations

Comment réagir ? Pour le moment, les travailleurs sont appelés à organiser des assemblées dans leur secteur. Les syndicats iront à la table des négociations. Une nouvelle assemblée se tiendra fin février, et selon les résultats, parlera sans doute de grève ou de manifestation. Des éventualités déjà évoquées durant cette première séance.