Priorité à la lutte contre la précarité

Si la législature 2009-2013 fut particulièrement mouvementée, notamment au niveau institutionnel, la situation sociale reste encore et toujours préoccupante malgré certaines avancées et garde-fous posés par la gauche.

Si la législature 2009-2013 fut particulièrement mouvementée, notamment au niveau institutionnel, la situation sociale
reste encore et toujours préoccupante malgré certaines avancées et garde-fous posés par la gauche.

Cette législature fut marquée
par l’augmentation toujours
plus importante de l’aide
sociale et de la précarisation dans
le canton. Si, en 1991, les dépenses
d’aide sociale avoisinaient les 5 millions
de francs, celui-ci se monte
désormais à près de 100 millions
par année. Les régions urbaines
sont particulièrement touchées
avec environ 10% de la population
à Neuchâtel et La Chaux-de-Fonds
(6,7% au niveau cantonal). Les
jeunes, les seniors et les familles
monoparentales sont directement
frappés par ce processus, liés
notamment au chômage et à la
perte de pouvoir d’achat.

La lutte contre la précarisation
doit être la priorité première des
pouvoirs publics. Ceci passe par
une responsabilisation des acteurs
économiques et des entreprises.
Ces dernières doivent s’engager à
sortir des personnes de l’aide
sociale et du chômage, en permettant
à tout un chacun d’accéder au
marché du travail.

Cette législature a néanmoins
permis certaines avancées au
niveau social et la mise en place de
garde-fous. Le Parti ouvrier et
populaire et la gauche ont ainsi
déposé différentes motions
(« Connaître l’ampleur de la pauvreté
pour la combattre », « Lutter
contre les effets de seuil », « Marché
du travail : régulation et responsabilisation
»). Rappelons au passage
l’acceptation historique par le
peuple du « frein aux économies »,
résultant de l’initiative du POP
« Frein au démantèlement social »,
qui avait récolté plus de 6’000
signatures. Ainsi, les économies
importantes, notamment dans le
secteur social, nécessitent désormais
une majorité qualifiée des
trois cinquièmes. De plus, l’inscription
dans la Constitution cantonale
d’un « salaire minimum et décent »
devrait permettre, à la suite de l’élaboration
du projet de loi, de lutter
contre le phénomène des working
poors, toujours plus nombreux.

Un quarteron de libéraux
met en danger l’équilibre régional

Le dossier des hôpitaux a montré,
s’il en est, la difficulté de trouver
un accord cantonal sur la répartition
des différentes missions hospitalières.
Le maintien de la chirurgie,
tant à La Chaux-de-Fonds qu’à
Neuchâtel, aurait dû permettre de
couvrir les besoins sanitaires du
canton, tout en garantissant le
principe d’équilibre régional inscrit
dans la Loi sur les établissements
hospitaliers multisites (LEHM).
C’était sans compter sur un quarteron
de députés libéraux du Littoral
(les mêmes qui s’en sont pris au
projet TransRun), qui n’ont de cesse
de s’attaquer au principe d’équilibre
régional. Le problème de gouvernance
dans Hôpital neuchâtelois
(Hne) est également omniprésent.
La multiplication et la verticalisation
des structures décisionnelles
(Grand Conseil, Conseil d’Etat,
Conseil d’administration, Direction
générale,…) a dépourvu le politique
de ses prérogatives.

Corrélé à un affaiblissement de
l’hôpital cantonal, cette stratégie de
concentration des entités existantes
risque par ailleurs d’accélérer la
pénurie annoncée de généralistes et
autres pédiatres dans les Montagnes
neuchâteloises et au Val-de-
Travers. La mise en place d’une
stratégie globale et efficiente passe
donc par une optimisation des
structures et plus particulièrement
par une accessibilité et un contrôle
direct du Conseil d’Etat sur la
direction de HNe (Projet de loi
Dupraz, Nussbaumer, Courvoisier,
Houlmann, Latrèche et Guyot). Il
est grand temps également de
mettre un terme au processus d’autonomisation
– Neuchâtel étant le
Canton qui a le plus usé de ce procédé
depuis une dizaine d’années –,
si cher à la droite et qui n’engendre
au bout du compte qu’une perte de
maîtrise de l’évolution de la situation
et l’explosion des coûts financiers.
De plus, une politique proactive
dans l’ouverture de centre
médicaux de proximité doit devenir
une priorité. A l’instar de la
Ville du Locle, certaines collectivités
locales tentent de mettre sur
pied ce genre de structures.

Remettre un peu d’ordre
à l’Hôpital de la Providence

Sacrifié sur l’hôtel de la logique
marchande, le Conseil d’administration
de Providence a livré pieds
et poings liés son hôpital au
Groupe Genolier. Cette transaction
a permis au conseil d’administration
de la vénérable institution de
s’en tirer à bon compte, en assurant
des débouchés juteux à certains de
ses membres. A l’opposé, les
employés ont vu leur convention
collective de travail supprimée à
court terme, malgré le fait que l’établissement
soit au bénéfice de subventions
publiques. Les engagements
du Groupe Genolier n’ont
d’ailleurs pas été respectés, puisque
l’on dénombre à l’heure actuelle
déjà plus d’une soixantaine de suppressions
de postes, dont une vingtaine
de licenciements. Si la majorité
de gauche au Grand Conseil est
maintenue, le projet de « loi Ziegler
» devrait remettre un peu
d’ordre à cette situation pour le
moins affligeante.

Le canton de Neuchâtel est à la
croisée des chemins. Devant la
détérioration de la situation socioéconomique
– il est vrai, mise à
mal par la situation mondiale –,
certains commencent à parler
d’une génération sacrifiée. La justice
sociale doit reprendre plus que
jamais ses droits !