Le MCG veut une presse à sa botte

GENÈVE • Comme les pires partis d'extrême droite, la formation genevoise ne se contente pas de désigner des boucs émissaires comme les frontaliers, elle n'hésite pas non plus à intimider ses adversaires politiques et les journalistes qui font leur métier. Poggia et Stauffer menacent le vivre ensemble, mais aussi la liberté d'expression.

Comme les pires partis d’extrême droite, la formation genevoise ne se contente pas de désigner des
boucs émissaires comme les frontaliers, elle n’hésite pas non plus à intimider ses adversaires politiques et les
journalistes qui font leur métier. Poggia et Stauffer menacent le vivre ensemble, mais aussi la liberté d’expression.

Des membres de la direction du MCG ont déposé
pas moins de quatre plaintes pénales à l’encontre
du Matin Dimanche et de ses journalistes. L’information
a été révélée par GHI, l’hebdomadaire gratuit
genevois qui paraît plus que jamais mériter son
surnom de « MCGHI ». Dans son édition du 20
octobre, le journal dominical avait en effet dressé un
portrait au vitriol du parti, de son fonctionnement et
de ses méthodes. « Menacer, insulter, intimider, c’est la
marque de fabrique des dirigeants du MCG », écrivait
Le Matin Dimanche, exemples et témoignages à l’appui.

Ces nouvelles actions judiciaires émanant du MCG
participent de procédés d’intimidation qui ne peuvent
que donner raison à l’hebdomadaire orange. Relevons
que Mauro Poggia, candidat MCG au Conseil d’Etat,
est jugé procédurier par ses pairs, c’est sans aucun
doute l’avocat suisse qui dépose le plus de plaintes pour
délit d’opinion. Le but, en pareil cas, n’est autre que de
faire taire ses adversaires politiques et les journalistes
qui font leur métier.

En l’occurrence Fabiano Citroni, l’un des journalistes
du Matin Dimanche visé par une plainte, est déjà
devant les tribunaux aux côtés de son ancien
employeur, la Tribune de Genève, pour avoir évoqué les
« curieuses méthodes de Mauro Poggia et de sa compagne
» dans la gestion d’un immeuble de Florissant,
où la moitié des locataires ont été congédiés afin d’augmenter
les montants des loyers. Un sujet d’ailleurs
repris d’un article paru dans Gauchebdo en avril 2012.
Si notre journal à ce moment-là n’a pas été inquiété, ce
ne fut pas le cas lorsqu’en avril dernier nous révélions
sur Facebook qu’Eric Stauffer et Mauro Poggia avaient enregistré des
sociétés à Panama.

Il est facile d’envoyer un courrier au procureur
général alors que la législation protégeant la liberté de
la presse est si faible dans notre pays. D’où une avalanche
de plaintes et de menaces de plaintes. L’enquête
de L’Illustré sur le « passé obscur d’Eric Stauffer » s’est
ainsi retrouvée sur le bureau du juge. Et tout récemment,
une journaliste de CanalOnex a été menacée par
le même Stauffer pour un sujet traitant des rémunérations
des magistrats communaux.

Delphine Perrella-Gabus n’aime pas
que l’on mette en doute ses capacités intellectuelles

Autre exemple, celui du journaliste, cinéaste et bloggeur
Philippe Souaille, poursuivi par Delphine Perrella-
Gabus. La candidate malheureuse du MCG au premier
tour de l’élection au Conseil d’Etat n’a pas apprécié
qu’un blog juge ses capacités intellectuelles insuffisantes
pour un tel poste. « Si l’on choisit un parti extrémiste
dont le principal slogan est « y en a marre de ce système
pourri » ou qui prétend « éradiquer l’épidémie » que
représenterait le tiers des travailleurs du canton, il faut
s’attendre à des réparties au ton un peu acerbe, ou à des
mises en boîte », estime Philippe Souaille. Cet « ancien
trotskyste devenu radical », comme il se définit luimême,
relève que « le MCG multiplie les révélations
concernant les institutions, tout en attaquant systématiquement
les médias qui tentent de révéler ce que ce
parti préférerait cacher ». « Si le MCG tente ainsi de
contrôler l’information et ce qui s’écrit à son sujet avant
même d’être au pouvoir, qu’en serait-il s’il y parvenait à
ce pouvoir ? Personnellement, je préfère ne pas tenter le
diable. » Nous non plus.

Le terme de « populisme » utilisé à tort et à travers
est un cache-sexe bien commode pour ne pas mettre
un nom sur des méthodes anti-démocratiques. Jeter le
discrédit sur les institutions, intimider les opposants et
les journalistes ou désigner des boucs émissaires ne
portent pas d’autre nom. C’est ce que fait le Front
national en France et il n’est guère étonnant que le
MCG est été fondé en 2005 par un membre du FN et
admirateur patenté de Jean-Marie Le Pen. Georges
Letellier a fait du MCG un copier-coller du FN à la
sauce genevoise en reprenant le slogan « ni gauche, ni
droite » et en adaptant le thème de la préférence nationale
en préférence cantonale. L’envahisseur responsable
de tous nos maux est une permanence dans l’histoire
de l’extrême droite, qu’elle soit européenne ou genevoise.
Avant guerre, cet envahisseur prenait la figure
du Juif représentant tout à la fois le capitalisme anglosaxon
et le communisme russe. Avec Vigilance, on
passe au requérant d’asile, notamment tamoul, puis
l’UDC s’attaque au musulman. Le MCG préfère lui
dénoncer le frontalier français, mais la xénophobie et
la politique du bouc émissaire restent les mêmes.

Coalisés dans cette « Nouvelle force », l’UDC et le
MCG représentent un danger pour notre démocratie
et le vivre ensemble. Pour éviter que l’extrême droite ne
contamine nos institutions, il faut voter et faire voter
en bloc pour les trois candidats de l’Alternative, qui
sont plus déterminés que ceux de l’Entente à faire barrage
à une politique nauséabonde.