Manuela Carmena, la vieille dame digne

Espagne • «Nous nous souviendrons du 25 mai comme un jour spécial et extraordinaire. Notre campagne s’est traduite par de l’imagination, de la joie et de la créativité», a annoncé Manuela Carmena, candidate d'"Ahora Madrid" dans la capitale espagnole. Agée de 71 ans, la retraitée est une hyperactive. Licenciée en droit sous Franco en 1965, année où elle entrera dans les rangs du Parti communiste espagnol qu’elle quittera quelques années plus tard, elle a été une des fondatrices du bureau d’avocats en droit du travail du syndicat des Commissions ouvrières à Atocha qui fut frappé d’un attentat de l’extrême droite en 1977.

Sur les coups des 20 heures, le local d’Ahora Madrid à la rue Cuesta de Moyano s’est rempli de militants, qui, aux cris de «Oui, on peut», rêvaient de mettre fin au règne de 24 ans du Parti populaire (PP) à Madrid. Au final, la liste, emmenée par Manuela Carmena Castrillo, arrivera en deuxième position, avec 515’587 suffrages et 20 élus sur 57 contre 21 au PP, qui perd 10 conseillers municipaux au bénéfice du nouveau parti de centre-droit Ciudadanos. Le résultat d’Ahora Madrid – qui regroupe le parti des indignés de Pablo Iglesias, Podemos, la plate-forme citoyenne, Gagnons Madrid et d’autres petits regroupements – permet désormais à leur tête de liste d’ambitionner de devenir maire de Madrid, avec l’appui du PSOE, et de remplacer la sortante de droite, Ana Maria Botella. Partie en solitaire, la coalition Gauche unie-les Verts, dont certains anciens membres avaient décidé de rejoindre la liste Ahora Madrid, passe sous la barre des 2% et perd ses 6 conseillers municipaux. «Nous nous souviendrons du 25 mai comme un jour spécial et extraordinaire. Notre campagne s’est traduite par de l’imagination, de la joie et de la créativité», a annoncé Manuela Carmena du balcon du siège de la coalition. Agée de 71 ans, la retraitée est une hyperactive. Licenciée en droit sous Franco en 1965, année où elle entrera dans les rangs du Parti communiste espagnol qu’elle quittera quelques années plus tard, elle a été une des fondatrices du bureau d’avocats en droit du travail du syndicat des Commissions ouvrières à Atocha qui fut frappé d’un attentat de l’extrême droite en 1977. «Durant toute sa vie professionnelle, soit 30 ans comme juge et 15 comme avocate, elle a été une femme qui a voulu changer la justice, lutté en faveur des droits humains – dont elle recevra le prix national en 1986- et contre les abus en prison », soulignait un journal féministe. Retraitée de la magistrature en 2010, elle tient aujourd’hui un blog sur la justice et a fondé une entreprise solidaire de «mémés entrepreneurs» qui commercialise les produits réalisés par des prisonniers ou prisonnières comme celles de la prison de femmes de Séville. En 2015, elle s’est présentée aux primaires de la coalition électorale pour Podemos, où elle a 63% des votes. Ecologiste convaincue, elle se déplace chaque jour à bicyclette dans son quartier de la Malasana. En cas d’élection probable à la mairie, la vieille dame digne a déjà annoncé qu’elle mettrait en place 5 mesures dans ses 100 premiers jours. Promettant de mettre tous les moyens municipaux pour en finir avec les délogements, elle veut aussi en finir avec la privatisation des services publics et mettre en place un plan urgent pour favoriser l’insertion professionnelle des jeunes chômeurs. Olé, Manuela