Une coopérative de prostituées?

Débat • Quelles conditions pour l'exercice de la prostitution «libre» à Lausanne? Le POP organisait le 27 mai dernier une discussion sur le sujet, animée par l'association lausannoise Fleur de Pavé. Le premier d'une série de POP'Stamm.

Chaque dernier mercredi du mois à 18h30 au Zinéma, à Lausanne, le POP vaudois organise un POP’Stamm. Mais qu’est-ce qu’un stamm? Un stamm est un lieu, le plus souvent un bistrot, où l’on discute et où l’on refait le monde entre amis. Ce qui permet d’aborder de manière informelle et libre des sujets aussi vastes que variés. Pour lancer cette série de discussions informelles et décontractées, le 27 mai dernier, c’est le sujet très actuel de la place de la prostitution «libre» en ville qui avait été choisi. Pour en parler était invitée l’association Fleur de Pavé. Les buts de cette association, qui fête d’ailleurs bientôt ses 20 ans d’existence, sont les suivants: être un lieu d’écoute, de parole, de partage et d’accompagnement, prévenir les risques liés à la prostitution par des interventions auprès des personnes se prostituant, ainsi que les risques de transmission du VIH et autres maladies ou ceux liés à la consommation de drogues, faciliter l’accès à différentes structures médicales, sociales, administratives et juridiques, être un lieu d’échange et de réflexion sur les problèmes liés à la prostitution et défendre les droits des personnes qui travaillent dans les métiers du sexe.

Mmes Sylvia Pongelli et Zoé Scuderi-Blanc ont pu présenter le point de vue de la rue. Elles ont ainsi fait part des soucis et des inconvénients des travailleuses du sexe. Notamment de la restriction de la délimitation de la zone de travail et des conditions de travail toujours plus précaires dues aux problèmes de sécurité et d’hygiène. En effet, le quartier de Sévelin, où se concentre l’essentiel de la prostitution de rue à Lausanne, est en pleine mutation. La question de la cohabitation est donc au centre des préoccupations. Comment mélanger prostitution de rue (qui semble, quoique l’on en pense, être un service apprécié des Lausannois, puisque 30 à 50 filles y travaillent 365 jours par an!!!), écoles professionnelles, nouveaux habitants et surtout nouveaux promoteurs immobiliers. Il semble bien que la municipalité souhaite restreindre et déplacer la zone dédiée aux travailleurs du sexe, la concentrant à une seule rue bien cachée. La discussion s’est ensuite ouverte. Les conseillers communaux popistes Evelyne Knecht, Alain Hubler et David Payot ont notamment pu faire part de l’avancement des projets de la municipalité et du manque de locaux prévus à cet effet dans le quartier. Car c’est bien de cela que les travailleuses du sexe ont le plus besoin. D’un endroit sûr et propre pour pouvoir exercer leur métier. De là est ressortie l’idée de créer, peut-être, une coopérative de prostituées, lesquelles pourraient acquérir un local.

C’est donc bien là que la municipalité doit agir en trouvant des solutions pour permettre aux filles de s’approprier leurs propres moyens de production, de se libérer de toutes formes d’exploitations pour pouvoir travailler dans des conditions dignes (ne pas être sous le joug d’un proxénète, être en sécurité, avoir accès à des toilettes avec une hygiène acceptable, etc.). De son côté la municipalité doit gérer un certain ordre public (pour les clients et pour les travailleuses) et doit pouvoir jongler avec un sentiment d’insécurité. Nos conseillers communaux ne manqueront donc pas de faire valoir les droits et besoins des travailleuses du sexe de notre ville.

Les prochains PoP’Stamm:
Mercredi 24 juin: être chômeur, est-ce si facile? Invité: l’Association de défense des chômeurs
Mercredi 29 juillet: les vacances solidaires: bonne conscience ou bonne occas’ ? Invité: à définir
Mercredi 26 août: les coopératives de légumes. Invité: à définir.