Mission: un retour gagnant au National

élections fédérales • La gauche combative vaudoise est décidée à reconquérir le siège perdu en 2011. Le POP et SolidaritéS se sont unis pour la première fois dans une même liste, présentée comme «la seule réponse adéquate au rouleau compresseur néolibéral».

Céline Misiego, du POP et Jean-Michel Dolivo, de SolidaritéS, sont les têtes de liste au Conseil national et candidats au Conseil des Etats © POP Vaud

Neuf hommes et neuf femmes, de 19 à 63 ans. C’est la composition de la liste de la gauche combative vaudoise pour les élections fédérales de cet automne, portée par Jean-Michel Dolivo, de SolidaritéS et Céline Misiego du POP, tous deux tête de liste au Conseil national et candidats au conseil des Etats. «Cette liste reflète les valeurs défendues par nos formations», expliquait lundi Jean-Michel Dolivo en conférence de presse, se référant en particulier à la parité et à la diversité générationnelle, la plus jeune candidate n’étant âgée que de 19 ans. C’est donc en défendant des valeurs de diversité et d’ouverture que le POP et SolidaritéS, unis pour la première fois dans la course aux fédérales, se lancent à l’assaut du siège perdu en 2011 par Josef Zisyadis. «Cette liste commune constitue la seule réponse adéquate à l’aspiration unitaire de celles et ceux qui veulent réagir et résister au rouleau compresseur néolibéral et xénophobe» affirment les deux formations. Figurent également parmi les candidat-e-s: le Municipal lausannois Marc Vuilleumier, le conseiller communal et ancien député Bernard Borel, ou la députée Anne Papilloud.

C’est autour des valeurs chères à la gauche combative que la campagne s’articulera, soit la défense d’un système juste envers les plus précarisés. Car, aujourd’hui, «le 2% des contribuables les plus riches possèdent autant que les 98% restants, et ce n’est pas moi qui le dis, c’est l’Office fédéral de la statistique!», rappelle Jean-Michel Dolivo. Face à cela «Réagissons!», résume le slogan de campagne choisi. A travers une politique fiscale redistributive, mais aussi la protection des salaires, un système de retraite plus juste, un système de santé publique gratuit et de qualité, ou encore le droit au logement.

Sus à la RIE III
Quatre points forts ont été retenus, au premier rang desquels la lutte contre le projet de RIE III, «véritable machine de guerre contre les services publics et les usager-e-s ainsi que tous les salariés» (voir également notre édition du 12 juin). Pour Jean-Michel Dolivo, cette réforme, faussement présentée comme découlant de la pression de l’UE, fait en réalité partie d’un projet de longue date qui vise à diminuer la pression fiscale sur les détenteurs de capitaux, gros actionnaires, grands dirigeants d’entreprises….en un mot: les plus riches. «Ce n’est pas pour rien qu’elle se nomme RIE III. Il y en a eu une première et une deuxième avant!», rappelle-t-il. Autre point fort de la campagne, la mobilisation contre le «Paquet Berset», taxé d’«entreprise de démolition des retraites présenté sous le nom fallacieux de  »prévoyance vieillesse 2020 »». «C’est un projet toxique à 100%, où les femmes vont payer le prix fort», ajoute l’actuel député au Grand Conseil vaudois. Pour la gauche combative, la solution se situe au niveau d’un renforcement de l’AVS, assurance beaucoup plus sociale, à travers l’intégration du 2ème pilier au 1er. «Des projets existent sur la table et doivent être discutés», précise Jean-Michel Dolivo.

Dans le sillage des résistances européennes
Autre point fort, la revendication d’un «plan d’urgence contre le dérèglement climatique», intégrant une sortie rapide du nucléaire ainsi qu’une réduction conséquente de la consommation d’énergie, notamment par une isolation à large échelle de tous les bâtiments. Finalement, l’égalité des droits de toutes et tous, contre toutes les formes de discriminations fait également partie des priorités. Céline Misiego insiste en particulier sur l’égalité salariale entre femmes et hommes, rappelant qu’en plus d’être payées 20% de moins que leurs collègues masculins (et donc de cotiser moins à l’AVS), les femmes effectuent beaucoup de travail domestique et de proche-aidant qui ne reçoit aucune reconnaissance. Dans ces conditions, «il est hors de question d’élever l’âge de la retraite des femmes!», estime la secrétaire vaudoise du POP, pour qui les inspectorats du travail devraient se voir confier un rôle de contrôle de l’égalité salariale. L’égalité des droits doit toutefois aussi concerner la population LGTBIQ, à travers des revendications comme le mariage pour tous, le droit à l’adoption, l’accompagnement de jeunes homosexuels exclus par leurs familles, ou encore le fait d’aborder ces questions dans les écoles.

La liste fera partie de l’apparentement général de la gauche, avec les socialistes et les verts. Alors, la gauche combative saura-t-elle convaincre? «Cette année nous sommes relativement confiants. On voit qu’il y a une réaction un peu partout en Europe de mouvements qui remettent en question la répartition extraordinairement inégale des richesses», affirme Jean-Michel Dolivo. Grâce aux possibles succès dans d’autres cantons (Zürich, Neuchâtel, Genève), elle va même jusqu’à imaginer la recréation d’un groupe parlementaire à gauche du PS qui serait composé de 4 ou 5 députés.