Un nouveau Zimmerwald?

Il faut le dire • Alors que le centenaire de la conférence de Zimmerwald est passé pratiquement inaperçu, son héritage politique, qui n’en finissait pas de se recroqueviller au fil des renoncements des dernières années, pourrait avoir à se réveiller rapidement…

Alors que le centenaire de la conférence de Zimmerwald est passé pratiquement inaperçu, ce qui est dommage en soi et dommage pour la Suisse, son héritage politique, qui n’en finissait pas de se recroqueviller au fil des renoncements des dernières années, pourrait avoir à se réveiller rapidement.

Le sens de Zimmerwald, c’était que le mouvement socialiste devait se déterminer clairement par rapport à la menace la plus importante qui pesait alors sur les populations européennes, c’est-à-dire la guerre impérialiste. Tandis que la plupart des socialistes en France et en Allemagne avaient voté les crédits de guerre, un petit village suisse perdu dans la campagne bernoise accueillait la gauche qui demandait la paix, exhortant les soldats à retourner leurs fusils contre leurs exploiteurs.

Aujourd’hui, le moment est pareillement fatidique. Depuis la capitulation de Tsipras et de Syriza en Grèce, il est on ne peut plus opportun que les mouvements qui prétendent défendre les intérêts des classes populaires se déterminent pour le cadre de leur chemin futur sans équivoque aucune face au danger le plus important de l’époque actuelle, à savoir les politiques d’austérité imposées par l’Europe néolibérale.

Le retournement de veste de Syriza et sa «pasokisation», le désenchantement des Grecs contraints de se choisir le bourreau le plus «magnanime» ne doit signifier qu’une seule chose: on ne peut pas négocier avec Bruxelles, il n’y a pas de compromis à atteindre.

Dans le cas où l’on continuerait à claudiquer passant péniblement d’une jambe à l’autre, le réveil populaire qui surviendra un jour ou l’autre, tempétueux et sans pitié, sera une déferlante habilement enfourchée par les populistes nouvelle vague, traditionalistes et ethno-obnubilés, qui sont déjà en embuscade.