Toujours plus chère et opaque, la LAMaL fait mal!

Suisse • 4,5% d’augmentation moyenne calculée sur les seules primes standards avec une franchise de 300 francs, mais celles pour enfants et pour jeunes adultes explosent, comme celles à soi disant «prix réduit»

Les Suisses adorent les exploits. Et la question de la santé leur permet de triompher au niveau mondial: la santé pour les Suisses est la plus chère des pays développés: 9’674 dollars par personne!  Plus du quart (26,7%) est directement ponctionné dans la poche des assurés. C’est ce qu’affirme, avec l’OCDE, Oliver Peters, vice-directeur de l’OFSP (Office fédéral de la santé publique). Pour toute personne de bon sens, un tel constat s’imposerait: il faut changer le système. Eh bien non, les assureurs sont très contents, les parlementaires les choient, refusent d’introduire un contrôle sérieux et systématique des caisses et le peuple a signifié par deux fois qu’il craint les changements.

Alors, chaque automne, avec une régularité de métronome, un conseiller fédéral annonce les hausses assorties de quelques gronderies, car bien entendu, si les primes augmentent, c’est que les assurés ont tendance à «profiter» de se faire soigner! L’Office fédéral a réussi, en à peine un mois, à examiner les quelque 330’000 primes différentes proposées par les assureurs et calculées par eux sur les estimations du nombre de personnes qui seront malades l’an prochain. Encore un exploit. Les mathématiques quantiques sont largement dépassées par une telle finesse d’appréciation futuriste!

Cela donne des variations cantonales incompréhensibles: 7,3%  dans le Jura, 7,1% à Glaris, 6,4% en Valais, 5,8% à Bâle, 5,7% au Tessin comme à Genève, 5,1% à Fribourg, 5,4% dans les Grisons, 4,9% dans le canton de Vaud, mais 3,3% à Zoug, 3,6% en Argovie ou 3,7% à Zurich. Parmi les moins touchés (3,5%), il y a les assurés bernois, eux qui ont bénéficié avec d’autres et durant des années des primes les plus sous évaluées, au point qu’il a fallu remettre les pendules à l’heure et rembourser durant trois ans les assurés qui ont trop payé, comme ceux des cantons romands.

Les assureurs nous dansent sur le ventre

Alors il reste aux assurés à se lancer dans des évaluations complexes, car c’est le fin du fin du système: toutes les caisses offrent les mêmes prestations, mais toutes n’ont pas les mêmes tarifs. Il peut y avoir plus de 400 francs de différence par mois entre la caisse la moins chère et celle qui est la plus onéreuse. Il est donc recommandé de changer de caisse maladie chaque année avant le 30 novembre. Mais voilà, en changeant de caisse, on n’emporte pas avec soi les réserves que l’on a payées à l’ancienne caisse pour constituer ses réserves. Et la nouvelle caisse qui nous accueille doit faire payer de nouvelles réserves pour ses nouveaux membres.

La boucle est bouclée. Les hausses deviennent incontournables. Les assureurs sont les rois et nous dansent sur le ventre. La majorité parlementaire aux Chambres ergote, refuse la moindre limitation des autorisations d’installer de nouveaux médecins spécialistes aux revenus juteux ou de réglementer des cliniques de luxe. Et nos élus veulent augmenter les franchises et empêcher d’en changer avant 3 ans de contrat.

Certes, personne ne va regretter que les soins en Suisse soient de grande qualité. Mais, pour les familles, pour les personnes modestes, ce système est intenable, au point de les pousser à ne pas se faire soigner faute de moyens. La médecine à deux vitesses s’installe suavement et insidieusement, exactement ce que la LAMal voulait combattre. A quels extrêmes faudra-t-il parvenir pour que les 8 millions d’assurés se réveillent