Hôpital neuchâtelois: un vote sur le service public

Opinion • «Voulons-nous privilégier les affaires ou le service au public?», interroge Alain Bringolf à propos de la votation neuchâteloise de février sur HNE.

Dans le rapport du Conseil d’État présentant son projet de centralisation d’HNE, l’argumentation essentielle provient de …. l’Organisation de Coopération et de Développement Economique (OCDE). L’approche est donc avant tout économique. La question des services sanitaires à la population arrive bien après.

Il y est question de masse critique, de volonté de favoriser une nouvelle dynamique d’entreprise, de la politique fédérale qui a provoqué une concurrence entre hôpitaux, de la toute-puissance des assurances qui tiennent le couteau par le manche, de la recherche des activités les plus rentables pour contenir les déficits, du poids de la pharma, du fait que nous ne sommes plus maîtres chez nous et que la révolution technologique impose des mesures antipopulaires, etc. N’en jetez plus!

En fait, et sans que cela soit mis en évidence, le choix entre l’initiative pour deux hôpitaux complémentaires et le contre-projet des autorités propose aux citoyens de choisir entre deux conceptions de la santé publique.
L’une, majoritaire et légale, est dictée essentiellement par des questions financières, alors que l’autre revendique une médecine proche des gens.

Pas étonnant que les «personnalités» soutenant le contre-projet du Conseil d’Etat soient issues des milieux économiques ou proches du pouvoir. Ils agissent sur la base de questions économiques et avec l’attitude de ceux qui savent ce qui est bon pour les autres.

La volonté de la Confédération, privilégiant les intérêts économiques par rapport aux services à la population, doit-elle être appliquée sans autre, au risque de transformer la santé publique en un service totalement soumis à l’exigence de rentabilité?

La votation sur l’Hôpital neuchâtelois traite de la question fondamentale du service public. Voulons-nous privilégier les affaires ou les services?

Les plus forts, ceux qui vivent sur la base des plans de carrière, gagneront peut-être cette votation car, ceux qui gagnent font davantage envie que ceux qui pensent autrement. Pourtant, ce qui différencie l’être humain de l’animal, c’est précisément sa capacité à réfléchir plus largement qu’en termes de rentabilité immédiate.
Saurons-nous faire la différence le 12 février?

Alain Bringolf, ancien Conseiller communal et député