1000 personnes pour couper la voie à Freysinger

Valais • Le 18 février, une foule de citoyens a protesté à Sion contre l’ultraconservatisme de Freysinger et consorts. Un signe qu’une autre vision des choses existe, et que l’on peut aimer sa région sans adhérer à des valeurs rétrogrades.

Samedi dernier, plus de mille personnes se sont rassemblées sur la Place du Scex à Sion. Yannick Délitroz, enseignant et conseiller municipal à Monthey, avait lancé un appel à manifester suite à l’utilisation par la liste ultraconservatrice Ensemble à droite d’une affiche où une jeune femme, dont la photo avait été achetée à une banque d’images, était censée ne pas pouvoir payer son loyer alors que le canton versait 650’000 francs par mois pour les loyers des migrants. Cet élément de propagande particulièrement odieux en faveur de l’UDC Freysinger et de ses colistiers avait motivé l’enseignant montheysan à s’opposer tout particulièrement à Oskar Freysinger et à ses multiples dérapages durant la dernière législature, et à exprimer le souhait de ne pas le voir réélu en mars prochain.

Aimer une région sans être ultraconservateur

Une campagne commençait alors avec pour slogan «Coupons-lui la queue», devenu plus sérieusement «Coupons-lui la voie». La manifestation avait aussi pour but de montrer qu’un bon nombre de Valaisan-ne-s ne se reconnaissent pas dans la droite dure, alors que le canton est souvent perçu à l’extérieur comme massivement et irrécupérablement conservateur. Il s’agissait encore d’affirmer qu’Ensemble à droite n’a pas le monopole du patriotisme, et qu’on peut aimer cette région sans être ultraconservateur. C’était aussi une occasion de se rencontrer et de serrer les rangs pour celles et ceux qui rejettent le repli sur soi et la xénophobie.

De manière d’abord un peu décevante pour des militant-e-s de gauche, les organisateurs voulaient éviter la politisation et l’énoncé d’un contenu trop précis, qui aurait pu en rebuter certain-e-s. C’est ainsi que le rassemblement a concerné des gens de tous âges et de diverses sensibilités politiques ou apolitiques, même si la gauche était bien représentée. Il n’y a pas eu de discours: simplement, après un compte à rebours, un temps de silence a été respecté, avant de chanter l’hymne valaisan et l’hymne suisse. Par la suite, un grand nombre de manifestant-e-s sont restés sur place pendant plus d’une heure dans une atmosphère festive, où, à la manière valaisanne, tout en discutant souvent avec passion, quelques bouteilles de vin ont été partagées.

La manifestation en tout cas était réussie. Beaucoup de personnes qui habituellement ne s’expriment pas s’étaient déplacées de toutes les parties du canton. Si la droite dure et son leader populiste ont toujours le vent en poupe en Valais, le 18 février a démontré qu’une autre vision des choses existe dans le pays, qu’elle est bien vivante et saura résister à des dérives inadmissibles. Comme on a pu l’entendre: on était «pour une fois plutôt fier d’être valaisan». Même s’il ne va guère influer sur le résultat des élections, un tel événement est de première importance pour une augmentation de la conscience politique dans le canton!