«Je suis le candidat de l’égalité et de la justice sociale»

France • Le candidat de la France insoumise, soutenu par le PCF et Ensemble de Clémentine Autain, a consacré son dernier meeting à la lutte contre les inégalités et au partage des richesses à Dijon et dans 6 autres villes via des hologrammes (par Julia Hamlaoui, paru dans L’Humanité).

Jean-Luc Mélenchon, démultiplié par hologrammes, a défendu le partage des «biens communs», de plus en plus en voie de privatisation (photo: Jacques Billaudel).

Selon les organisateurs, 35’000 personnes ont participé, mardi soir, dans 7 villes différentes, aux derniers meetings de campagne de Jean-Luc Mélenchon et de ses hologrammes. Derniers meetings mais «nouveau chapitre», a prévenu Charlotte Girard, co-responsable du projet de la France insoumise depuis Dijon, où le candidat était présent en chair et en os. Après s’être présenté comme le «candidat de la paix» à Marseille, «je suis le candidat de l’égalité et de la justice sociale», a lancé Jean-Luc Mélenchon mardi soir.

«Ce qui est juste est bon pour tous» s’est appliqué à démontrer le candidat citant une étude du FMI qui montre que «plus la fortune des riches s’accroît, plus la croissance est faible» et que «l’assouplissement du marché du travail va de pair avec une inégalité croissante et l’enrichissement des 10 % les plus aisés». «Ils en concluent que la flexibilité du marché du travail bénéficie aux plus riches et réduit le pouvoir de négociation des travailleurs pauvres» a-t-il ajouté, ironique. Autre injustice relevée: «1% de la population du monde, les plus riches, détiennent autant que les 99%». Un phénomène «sans limite» de «prédation» sur «la nature et les êtres humains» en pleine accélération.

«A nos yeux, un tel système est intrinsèquement pervers et mauvais, a-t-il tranché. Le moteur de son fonctionnement est la cupidité et la compétition de chacun contre tous. A quoi nous opposons de toutes autres valeurs: l’altruisme qui est la reconnaissance de la similitude de tous ceux qui nous entourent en droit, et la coopération des êtres humains et des peuples plutôt que la compétition et la guerre». Et Jean-Luc Mélenchon de dérouler ses propositions à commencer par la protection et le partage des «biens communs» aujourd’hui devenus «la propriété de quelques-uns» (avec le passage à 100% d’énergie renouvelable ou encore la gratuité des premiers mètres cubes d’eau); la lutte contre les inégalités territoriales dans les Dom Tom, dans les quartiers populaires, en particulier par la revitalisation des services publics, notamment l’éducation.

« Etre soigné quand on est malade »
Le candidat s’est aussi particulièrement attardé sur le partage des richesses qui «n’est pas seulement un fait lointain». Ses adversaires en ont pris pour leur grade à cette occasion. Notamment Emmanuel Macron et sa proposition de conditionner les allocations-chômage au refus de deux offres d’emplois maximum: «ça existe déjà (…) dans le texte actuel il est dit “deux offres d’emplois raisonnables’’. Cela veut dire que ce qu’il propose c’est “deux offres d’emploi n’importe lesquelles’’ (…) Est-ce que par hasard les règles qu’ils édictent ne seraient pas pile-poil pour répondre à leurs intérêts?», a-t-il fait mine de s’interroger. Comme à Lille la semaine dernière mais à partir d’un autre exemple, Jean-Luc Mélenchon a pris soin d’expliquer le transfert qui s’est opéré ces dernières décennies «des poches du travail à celles du capital»: «en 1982, vous travailliez 10 jours par an gratuitement pour eux. Maintenant vous êtes rendus à cotiser à leur bonheur personnel – je ne parle pas des résultats financiers des entreprises mais de ce qu’ils prennent pour eux en dividendes – 45 jours par an».

«Décidément ces gens nous coûtent trop cher», a-t-il également taclé avant de développer ses propositions fiscales pour que «tout le monde contribue à la hauteur de ses moyens», rejetant à nouveau «une morale» qui se résumerait à «profite et tais toi», et faisant valoir que les investissements ainsi permis profiteront à tous («M. Dassault peut prendre le métro s’il roule bien»). Obligation pour les entreprises de déclarer leurs bénéfices dans les pays où elles les réalisent pour endiguer l’évasion fiscale, retraite à 60 ans, égalité salariale homme femme, le 100% accessible pour les handicapés («une des choses qui va relancer l’économie» avec 10 milliards d’investissement)… Autant de mesures qu’a détaillées Jean Luc Mélenchon. «Le programme commun du peuple ce ne sont pas des choses extraordinaires: pouvoir vivre dignement de son travail, être soigné quand on est malade, pouvoir s’arrêter de travailler quand c’est l’heure…», a-t-il résumé.

Présentation d’un possible gouvernement
Quant à la perspective du premier tour: «il se peut que nous allions à la qualification», a-t-il estimé répondant à nouveau point par point aux attaques des derniers jours (sur l’Europe, le matraquage fiscal…) à propos desquelles il a appelé à «un peu de sérieux». «Prêt à appliquer les pouvoirs qui lui (seront) confiés par la volonté du peuple» en attendant que l’Assemblée constituante ait achevé la rédaction de la nouvelle Constitution, Jean-Luc Mélenchon a aussi défini sa conception de son éventuelle future majorité : «la majorité sera une majorité insoumise dont les candidats auront pris l’engagement sous la bannière du ρ (phi) de respecter et d’appliquer le programme. Car naturellement je n’ai pas l’intention d’organiser mes propres frondeurs», a-t-il prévenu. Et il a pour la première fois présenté la façon dont il envisageait un possible gouvernement: avec des «ministres qui assument les fonctions essentielles, régaliennes, et beaucoup de hauts-commissaires en mission qui auraient des objectifs» comme la planification écologique, la lutte contre l’illettrisme ou encore la question de l’eau.