Une invitation à la contemplation sonore

Musique • Dans le neuvième volume de la mythique collection «La planète bleue», l’ambiance spatiale des illustrations est retranscrite dans une musique céleste et lente, aux tonalités parfois inquiétantes.

le livret du disque, riche d’une cinquantaine de pages, est illustré par le jeune dessinateur grenoblois Mathieu Bablet.

Un peu plus de deux ans après la sortie du volume huit (Gauchebdo no 47 du 21 novembre 2014), Yves Blanc, créateur d’une des plus anciennes émissions de radio diffusée sur Couleur 3, propose une nouvelle compilation de musiques novatrices. On connaît l’homme et la rigueur dont il fait preuve: depuis plus de vingt ans, le journaliste et producteur excelle dans l’art de ciseler des ambiances particulières: mêlant musiques expérimentales, philosophie, journalisme et quête des utopies, Yves Blanc créé chaque semaine un nouvel espace-temps orienté vers le futur.

Un chant mystérieux de l’archipel mélanésien
Comme pour les volumes précédents, ce neuvième opus est un bel objet à collectionner, qui rassemble un disque et un livret riche d’une cinquantaine de pages, illustré par le jeune dessinateur grenoblois Mathieu Bablet. La couverture donne le ton de l’album, qui déroule ses pistes comme autant d’étapes d’un voyage musical. Le disque s’ouvre sur Iroshima, une composition fascinante de Geins’t Naït & Laurent Petitgrand, peut-être le choix le plus intéressant de l’ensemble. L’ambiance spatiale que l’on découvre dans le livret, et qui n’est pas sans rappeler le mythique 2001 Odyssée de l’espace, est retranscrite ici dans une musique céleste et lente, aux tonalités parfois inquiétantes; répété avec quelques variations subtiles, le thème lancinant acquiert, au fil de l’écoute, des propriétés quasi-hypnotiques.

Plus groovy, plus minimaliste aussi, le troisième morceau nous vient de l’Équateur et semble ramener à une rythmique primitive sortie tout droit de transistors. Issue des collections du Musée d’ethnographie de Genève, la cinquième piste propose un chant mystérieux en provenance de l’archipel mélanésien de Vanuatu, tandis que sur la piste suivante, les Genevois de Sinner DC proposent une electronica organique au rythme soutenu, à la fois distante et dansante. La septième composition constitue un nouveau climax: à l’issue d’une très longue intro non rythmique dans laquelle transparaissent des évocations de cornemuses électroniques, se développe une texture musicale méditative aux touches mystiques, entre sonorités venues de nulle part et voix qui ne s’éteignent pas.

Plus loin dans le disque, le musicien allemand Christian Löffler propose un morceau de grande qualité, mélancolique et très sobre, au pouvoir suggestif impressionnant: à l’écoute, des paysages se créent au gré des harmoniques, des sensations doucement tristes saisissent l’auditeur tandis qu’il visualise les notes en suspension dans l’éther. Production française, le dernier morceau, comme l’ensemble de l’album, va à l’essentiel: dénué de tout superflu, il parle directement à l’âme.

Au final, ce neuvième volume aux atmosphères très ambiant constitue une invitation à une forme de contemplation sonore: si rien n’empêche de l’écouter dans la voiture ou au boulot, il nous semble bien que c’est dans la nature, au sein d’espaces sans murs ni plafonds, que la musique proposée par le Vertacomicorien Yves Blanc prend toute sa dimension.

La planète bleue volume 9 est disponible sur laplanetebleue.com (prix de vente: 14 Euros)