Le Conseil d’Etat ne voit que la réussite

Neuchâtel • Le Conseil d’Etat neuchâtelois a fait la semaine dernière un bilan positif de la législature écoulée. Ni l’échec du projet de réorganisation hospitalière d’HNE ni les licenciements en cours n’ont été abordés.

Le château de Neuchâtel, où siège le Conseil d'Etat.

Il ne s’agit pas de peindre le diable sur la muraille, néanmoins, le bilan de la dernière législature récemment dressé par le Conseil d’Etat nous étonne par son manque d’objectivité. L’exécutif introduit son communiqué sur le sujet par une citation de Saint-Exupéry: «L’Avenir, tu n’as pas à le prévoir mais à le permettre». Cette volonté de mettre en pratique est fondamentale pour l’avancée humaine. Cependant, en persistant avec son propre slogan «un canton – un espace», le gouvernement ne démontre que ses certitudes.

Il reconnaît «un environnement en mutation rapide, une exposition forte à la volatilité conjoncturelle et une fragilité sociale et structurelle évidente». C’est à cette fragilité qu’il attribue la situation financière très critique des collectivités, dont la sienne. On peut cependant douter de sa capacité à y faire face lorsqu’il affirme avoir permis de limiter l’ampleur du problème et qu’il entend poursuivre dans le même sens.

Un formidable espace d’opportunités?
Le Conseil d’Etat estime en effet que le canton a beaucoup progressé. Comment? Par un territoire qui se réinvente, notamment avec la stratégie Mobilité 2030 qui devrait permettre l’amélioration des communications à la fois à l’intérieur du canton et vers ses voisins. Par une fiscalité attractive, ou encore par une position à la pointe de l’innovation, ses centres de recherches et le tissu industriel formant un écosystème exceptionnel qui couvre l’entier de la chaîne de valeur allant de l’idée jusqu’au produit. Selon l’exécutif, le canton produit «des richesses réelles qui contribuent à la prospérité de la Suisse et des innovations utiles pour l’humanité». Tout cela pour «offrir à nos enfants les meilleures chances pour leur avenir».

Le Conseil d’Etat souligne aussi la réorganisation de la plupart des services, la concrétisation de la police unique, la nouvelle organisation des services d’ambulances ou encore de la diminution de moitié du nombre des communes. Il signale enfin la construction prochaine d’un nouvel hôtel judiciaire à La Chaux-de-Fonds et le projet de réforme des institutions à savoir la suppression des districts, pour autant que le peuple les soutienne. Et de conclure en affirmant que «Neuchâtel demain, c’est un formidable espace d’opportunités à saisir!», avant de remercier le personnel de l’Etat et toutes les instances avec qui il a collaboré.

Un manque d’autocritique
On recherche un paragraphe ou quelques lignes sur ce qui sera amélioré dans la pratique de l’exécutif,mais on ne trouve rien. Pas un mot sur la difficulté du canton à fédérer les différentes communes et les régions à ses projets ou sur un changement de style à ce sujet. Pas un mot non plus sur le personnel qui sera réduit ou les licenciements en cours même auprès de collaborateurs de plus de vingt ans de service, ce qui laisse un goût amer.

Les riches ont augmenté leur fortune et le déficit résulte notamment de la baisse de la fiscalité des entreprises. La baisse drastique de celle des holdings laisse cependant leur fortune intacte, celle-ci étant prise en compte par la Confédération pour réduire d’autant la péréquation financière nationale au détriment du canton. Il n’est même pas question de l’échec du projet hospitalier dans les considérations des maîtres du château. Ils continuent d’avoir raison et imposeront aux autres leurs certitudes.

Il serait souhaitable que le canton soit conduit politiquement avec le respect dû à toute la population, c’est-à-dire avec une meilleure participation ou du moins prise en considération de tous dans les décisions cantonales.