Mélenchon veut la disparition du parti communiste

Courrier des lecteurs • Rémi Néri réagit à l’interview de Christophe Ventura parue dans notre dernier numéro.

Dans le Gauchebdo no 19, du 12 mai, vous vous entretenez avec Christophe Ventura sur la France insoumise «et ses alliés». J’aimerais vous inciter à la prudence et à la nuance s’agissant de la stratégie qui s’est révélée dernièrement de la part du mouvement de Jean-Luc Mélenchon et qui ne correspond plus tout à fait à l’image que vous avez pu en donner durant la campagne présidentielle ni dans cet entretien.

En effet, l’attitude de FI à l’endroit du PCF ne peut plus guère être admissible dès lors, justement, que FI ne veut plus d’ «alliés» (acceptés et utiles durant la campagne, maintenant rejetés) mais des ralliements inconditionnels: programme, sigle, financement. Soit: la disparition du parti communiste (groupe parlementaire et militants), sa dissolution dans la France insoumise qui ne se présente plus comme l’était le Front de gauche comme une coalition, un regroupement de divers partis ou mouvements mais une seule entité qui se substituerait à toutes les autres! En Suisse, le Parti du Travail/POP n’accepterait sans doute pas de disparaître dans un mouvement extérieur sous prétexte qu’il «renouvelle» le paysage. Il en va de même en France.

Mélenchon adopte depuis quelques semaines une attitude qu’il faut bien appeler «bonapartiste» et s’il proclame haut et fort qu’il veut la mort du PS, on peut entendre en sourdine qu’il nourrit le même objectif s’agissant du PCF. Cela tout en gommant désormais toute référence à la gauche, au marxisme, aux drapeaux rouges et à l’Internationale, etc. Bien qu’on ait pu résister jusqu’ici à accréditer le jugement de «populiste» que lui attribuaient certains analystes, il semble bien que maintenant il s’agisse de cela – y compris avec la caution ambiguë de la philosophe Chantal Mouffe qui, tout en «récupérant» Gramsci, s’attache à «liquider» le marxisme et lui préfère le théoricien nazi du droit Carl Schmidt!

Pour l’instant, le PC fait passer avant cette contradiction avec Mélenchon la nécessité de barrer la route à la droite et à l’extrême droite (ce qui ne semble pas préoccuper FI qui entend opposer des candidats dans des circonscriptions où un député communiste est sortant – comme à Montreuil – quitte à faire passer la droite par cette division «intéressée»), mais cette contradiction va resurgir après les élections législatives ou entre les deux tours.

L’objectif d’imposer une «cohabitation» à Macron qu’a récemment proclamé Mélenchon a tout d’une parole en l’air, il présuppose un «raz de marée» FI qui est non seulement improbable mais impossible.