Pas d’augmentation d’impôts à la Chaux-de-Fonds

Neuchâtel • La population de la Métropole horlogère a refusé à près de 80% d’augmenter temporairement la fiscalité, laissant la ville face à des difficultés financières dont elle n’est pas entièrement responsable.

Sans surprise, les 36,3% de citoyennes et citoyens de la Métropole horlogère ayant participé à la votation du 21 mai dernier ont refusé à près de 80% la hausse temporaire de 3 points d’impôts qui devait participer à atténuer, par un apport de 2,9 millions, la crise financière traversée par la commune. Le projet était limité à quatre ans avec la possibilité d’être revu en cas d’amélioration de la situation.

Le Conseil communal (exécutif) a pris acte de la décision dans un communiqué où il indique qu’il va s’employer à poursuivre ses efforts pour redresser les finances de la ville. Il entend notamment établir des négociations avec le Conseil d’Etat en vue d’un rééquilibrage cantonal. Le Conseil communal précise également que les premiers effets du redressement financier en cours ont permis de réduire de 7,6 millions le déficit prévu pour 2016. Et de regretter que cela n’ait pas incité les citoyennes et citoyens à adhérer à une hausse, même temporaire, de leur contribution fiscale.

Un signal d’optimisme, vraiment?
A la suite de l’annonce des résultats, la presse neuchâteloise a publié les réactions du président de l’exécutif chaux-de-fonnier Théo Huguenin-Elie, dont les propos ont suscité auprès d’une partie de la population quelques interrogations. Celui-ci a en effet interprété ce refus comme «un signal d’optimisme», provenant d’une population convaincue que les autorités sauront se sortir de leur situation financière sans cette augmentation d’impôt. Pour le magistrat socialiste, le résultat n’est pas un drame et il espère une embellie conjoncturelle pour aider à redresser la situation. Ces propos ont surpris. En effet, on se demande alors pourquoi l’exécutif, suivi par la majorité du parlement local, s’est engagé dans cette voie dont il savait qu’elle serait sans issue si un référendum était lancé, ce que les libéraux n’ont pas manqué de faire!

Notons par ailleurs que l’avenir n’est pas si serein. En effet, cet automne, la population du canton pourrait avoir à se prononcer sur un changement des règles de l’impôt des frontaliers. Pour rappel, le Conseil d’Etat avait présenté un projet de nouvelle répartition de cet impôt, mais son entrée en vigueur avait été reportée par le Grand Conseil, notamment suite à la protestation de six communes industrielles des Montagnes, dont celle de La Chaux-de-Fonds, qui auraient vu leurs finances considérablement affectées par le changement. La proposition devait être revue pour être intégrée à un projet plus global. C’était toutefois sans compter sur les communes riches du Littoral, à qui la réforme bénéficiait. Quelques citoyens de ces communes ont donc lancé un référendum contre ce report (voir notre édition du 21 avril). Or, une acceptation de la réforme pourrait être interprétée comme une déclaration de guerre des riches contre les pauvres.

La façon de présenter le dossier
Pour revenir à la votation du 21 mai, la façon de présenter la question aux citoyens mérite réflexion. En effet, la votation était présentée comme une hausse d’impôt momentanée, sans que les raisons de cette hausse ne soient suffisamment étayées. Il faut dire et redire que la cité horlogère est largement composée d’ouvrières et d’ouvriers. Leurs salaires ne sont pas comparables à ceux des cités où prédominent les activités tertiaires et les grandes écoles. Cette réalité pénalise la situation financière de la commune, sans aucun lien avec d’éventuelles erreurs politiques.

A cette situation objective s’ajoute la politique du Conseil d’Etat consistant à centraliser sur le Littoral l’essentiel des activités au détriment des communes du Haut, ou encore des projets tels que la répartition de l’impôt des frontaliers, qui eux aussi pénalisent les communes industrielles. Enfin, plutôt que de n’évoquer qu’une hausse d’impôts, les autorités auraient pu présenter au peuple la liste des prestations communales risquant d’être réduites en cas de refus. La population doit être mise face à des choix – augmenter les impôts ou perdre des prestations – et ne doit pas seulement accepter ou refuser une proposition dont elle ne peut pas comprendre les enjeux globaux parce qu’on ne les lui a pas présentés.

Mais puisque la décision des citoyens représente un signal optimiste, il n’y a pas de quoi s’inquiéter!