Le désamour des citoyens pour la politique

Neuchâtel • Alors que la nouvelle législature vient de débuter, notre correspondant s’interroge sur le rejet de la politique de la part de nombreux citoyens, reflété notamment par un important taux d’abstention.

Le mardi 30 mai 2017 s’est ouverte officiellement la 50e législature du parlement neuchâtelois. Une journée très protocolaire qui s’est terminée au Locle pour fêter le nouveau président libéral-radical Jean-Paul Wettstein, par ailleurs collègue des popistes Denis de la Reussille et Cédric Dupraz au Conseil communal (éxécutif).

Dans ce parlement, le POP sera représenté par 5 élu-e-s (-2). Cédric Dupraz et Françoise Casciotta du Locle, Théo Bregnard, Sarah Blum, Armin Kapetanovic et Daniel Ziegler de La Chaux-de-Fonds. Cette petite délégation compte deux nouvelles députées à savoir Françoise Casciotta et Sarah Blum. Armin Kapetanovic est également nouveau chez les popistes, mais pas au parlement, puisqu’il était précédemment député socialiste. La composition du groupe souligne le renouveau au sein de la section neuchâteloise du POP. Les trois nouveaux députés popistes ne sont toutefois pas issus de nulle part et connaissent le monde politique. Ainsi, Françoise Casciotta est membre du Conseil général du Locle et en a été sa présidente, alors que Sarah Blum a aussi présidé le parlement chaux-de-fonnier.

Les raisons du fossé entre politiques et population
La première séance constitutive du parlement se déroule selon un protocole bien huilé et des discours de circonstances cherchent à apaiser les tensions de la campagne électorale sans trop prendre de risques pour le reste de la législature. Cette douceur politique devrait réjouir le peuple. Pourtant législature après législature, la participation électorale n’est que très faible. Il est dès lors légitime de se questionner sur les raisons de cette coupure entre politique et population.

L’article «Avons-nous besoin des partis politiques?» de Jean-Marie Meilland, paru le dernier numéro de Gauchebdo, nous apporte quelques réponses. Celui-ci y ébauche une réflexion sur le fonctionnement la démocratie libérale actuelle. Si celle-ci donne l’impression d’accorder une place importante à la population, on constate en y regardant de plus près que le peuple n’est souverain qu’une fois tous les quatre ans, le jour des élections. Son rôle actif est ensuite terminé et ses représentants mettront en pratique les actes qu’ils estiment les meilleurs pour le peuple, sans plus trop le consulter.

Or, dans la pratique, les choix de la majorité des élus sont davantage liés aux milieux d’où ils proviennent, au risque d’oublier les textes des programmes. Ceux-ci sont du reste conçus davantage pour appâter l’électeur que pour véritablement résoudre les nombreux problèmes à affronter, à commencer par les finances et l’emploi. Rappelons-nous de ce que disait Coluche: «Si voter changeait quelque chose, il y a longtemps que ça serait interdit!»

Notons par ailleurs que, comme l’écrit Jean-Marie Meilland, «contrairement à l’unité rousseauiste autour de l’intérêt général, la société libérale est conçue comme le lieu d’une compétition entre groupes rivaux, promouvant des conceptions différentes, ces conceptions étant liées à la défense d’intérêts particuliers qui sont finalement des intérêts de classe». Ainsi, le peuple, qui s’exprime une fois tous les quatre ans, choisit majoritairement des candidates et candidats proches de ses intérêts immédiats. L’intérêt général arrive ainsi dans la réflexion après les intérêts individuels.