Un bain social pour guider la politique

Neuchâtel • A Neuchâtel, le POP propose différents soutiens à la population dans le cadre de permanences sociales. Un exercice d’observation de la société de l’intérieur.

Depuis des décennies, le POP neuchâtelois s’intéresse de manière très concrète à la vie des habitants pour mieux comprendre leur réalité, à travers une permanence sociale régulière. Selon les principes politiques du parti, les liens entre la théorie et la pratique doivent en effet être aussi intenses que possible. Il faut en outre faciliter la compréhension du jargon officiel auprès du public pour que celles et ceux qui ne peuvent pas avoir recours à des spécialistes en raison de leur incapacité financière puissent faire valoir leurs droits dans le cadre de la multitude de démarches auxquelles la vie courante est susceptible de les confronter.

Au gré des années, cette pratique s’est adaptée aux changements de la société. De tout temps l’aide s’est centrée sur un appui au remplissage des déclarations d’impôts, et les permanences sont particulièrement fréquentées à l’époque correspondante, mais d’autres services sont également fournis tout au long de l’année. Les personnes fréquentant les permanences sont principalement des salariés et des retraités dont les revenus ne dépassent que très rarement les 80’000 francs net par année. Les consultations de bénéficiaires de l’aide sociale sont en outre en augmentation.

Un laboratoire social

Pour German Osorio, secrétaire du POP, ce service social représente un exercice pratique d’observation de la société de l’intérieur. Les situations économiques et sociales ainsi que les conditions de travail d’une partie de la population apparaissent dans toute leur réalité. De nombreux problèmes, parfois même d’une certaine intimité, s’expriment lors des entretiens. Il s’agit en quelque sorte d’un laboratoire social car, en plus des impôts, d’autres sujets sont fréquemment abordés. L’assurance maladie est une préoccupation régulière, de même que les loyers et les questions de naturalisation, ou encore les prestations complémentaires, qui doivent être expliquées avant d’entamer des démarches pour pouvoir les obtenir. Certains visiteurs viennent aussi demander comment faire pour trouver du travail.

Au moment le plus chargé de l’année, les permanences sont assurées par une dizaine de bénévoles au secrétariat cantonal situé à La Chaux-de-Fonds, selon un programme de rotation assez bien huilé. Le reste de l’année, c’est le secrétaire cantonal qui se charge du travail. Pour les différents services fournis, le parti fixe des tarifs qui tiennent compte de la situation économique des personnes. Au-dessous de 20’000 francs de revenu imposable, la gratuité est cependant la règle. Cette année, plus de 600 déclarations fiscales ont été remplies. Dans le cadre des permanences, des liens sociaux sont également développés, qui demeurent au-delà du simple service rendu. Le travail social du POP contribue également à créer des liens avec d’autres associations sociales comme Solidarité femmes, l’Association de défense des chômeurs, Médecins du Monde, les associations d’étrangers et même les services officiels des villes ou de l’Etat.

Une aggravation de la situation sociale
Effectuant ce travail depuis 9 ans, German Osorio constate qu’il est plus fréquemment qu’avant confronté à des personnes souffrant de troubles mentaux ainsi qu’à des jeunes en difficulté. Une évolution qui, mieux que des études académiques, illustre l’aggravation de la situation sociale de notre société.

Le travail social du POP est reconnu par les services publics et les services sociaux indiquent aux personnes qui les fréquentent l’adresse du POP pour obtenir l’aide qu’ils ne peuvent pas leur accorder notamment en raison des restrictions budgétaires des pouvoirs publics et de l’augmentation des personnes dans le besoin.

Ce bain dans la réalité sociale permet également d’être plus précis au plan politique, notamment dans les interventions parlementaires, car les élus savent de quoi ils parlent. Ainsi, pour le POP, la politique n’est pas une affaire d’occupation de places au sein du monde parlementaire, mais représente une façon d’améliorer la situation sociale des plus démunis à la fois par la critique du système et par des propositions pour en réduire autant que possible les effets.