Ecole, économie et injustices

Il faut le dire • L’émission Mise au point de la RTS a récemment mis en lumière le cas de manuels scolaires sponsorisés et offerts par des entreprises privées comme Amag ou des banques à des établissements scolaires.

L’émission Mise au point de la RTS a récemment mis en lumière le cas de manuels scolaires sponsorisés et offerts par des entreprises privées comme Amag ou des banques à des établissements scolaires.

Ces pratiques, qui ne visent qu’à faire de la promotion et influencer les enfants, ne peuvent susciter qu’indignation et colère. Les entreprises ou milieux économiques concernés savent bien qu’à cet âge, les élèves peuvent être très influencés par ce que leur prof ou ce que les manuels censés être pédagogiques vont leur enseigner, alors pourquoi n’en profiteraient-ils pas? L’école, et cela semble fondamental, devrait pourtant être indépendante de toutes propagandes entrepreneuriale et économique.

Bien qu’il s’agisse d’un thème complexe et sensible, ne devrions-nous pas réfléchir un peu plus et nous demander à quoi sert l’école et quel est son but? Dans ce cas, il serait bon de se pencher sérieusement sur comment sont conçus nos manuels et programmes scolaires et qui décide de ce que doivent apprendre nos enfants.

L’école devrait contribuer à l’épanouissement des enfants, leur apprendre les choses de la vie. Et cela ne passe pas forcément ou pas seulement par des cours ennuyeux, de l’appris par cœur ou des théorèmes de Pythagore… On devrait aussi leur permettre de découvrir la nature, les initier à l’écologie, leur apprendre à jouer du violon ou de la guitare, éveiller leur sens critique et développer leur créativité. Hélas, comme le dit Ivan Illich dans son livre Une société sans école, «l’école tue toute créativité et spontanéité». Elle semble avant tout formater des jeunes qui plus tard seront bien intégrés dans une société capitaliste qui vante le système de méritocratie. Plus un jeune sera diplômé et plus il sera important dans cette société.

Cette école qui crée une concurrence entre bons et mauvais élèves, qui fait croire que plus tu fais d’études, meilleur tu seras, ne mérite-t-elle pas un regard critique? Il y a en effet de très mauvais élèves qui n’arrivent pas à intégrer une école trop académique mais qui peuvent s’avérer très brillants dans la pratique, par exemple dans le domaine de l’informatique. Pourquoi devraient être exclus de pouvoir plus tard faire un métier qui leur plaît et dont ils auraient les compétences pratiques sous prétexte qu’ils ne sont pas bardés de diplômes?
L’école crée des injustices, à nous de les combattre.