François Roulet, un prolifique homme de culture

EVENEMENT • La Cinémathèque accueille une soirée en hommage à François Roulet, acteur, graphiste, peintre dont l’itinéraire éclaire l’histoire culturelle romande et francophone des années 1950-1970.

François Roulet dans la dramatique télé de Goretta adaptant un texte de Walter Weideli, Le Dossier Chelsea Street (1961).

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C’est la parution d’un «dossier» consacré par la revue d’histoire du cinéma 1895 aux affiches que Roulet réalisa pour la Cinémathèque d’Alger entre 1962 et 1971 et l’écriture d’une biographie due à Françoise Coursaget qui offrent l’occasion de ce retour sur une période oubliée du combat culturel au théâtre, à la télévision, au cinéma et dans les arts graphiques.

Création du Théâtre populaire romand (TPR)
François Roulet (1931-1979) a connu trois «vies» lors de son existence pourtant trop brève: élève de Charles Dullin, il est acteur de théâtre en France (TNP) puis en Suisse où il participe avec Bernard Liègme et Marcel Tassimot, déserteur français, à la création du Théâtre Populaire Romand, un «théâtre pour le peuple» qu’au début, la FTMH soutient; puis il se rend en RDA au Berliner Ensemble créé par Brecht, joue à Lausanne au théâtre, sous la direction de Benno Besson, dans Sainte Jeanne des Abattoirs de Brecht ainsi que dans deux dramatiques télé réalisées par Claude Goretta l’une sur un texte de Walter Weideli, Dossier Chelsea Street, et l’autre de Henri Debluë, Force de loi. Deux dramatiques appartenant à cette première période de la télévision romande où l’audimat ne commandait pas la programmation mais où l’on se souciait d’amener les téléspectateurs à une réflexion sur la société, les lois, les formes de domination sociale.

En 1962, il se rend à Tunis puis en Algérie devenue indépendante, comme nombre d’intellectuels, d’artistes ou d’enseignants, pour aider à l’édification d’une nouvelle société. Il y entame une carrière de graphiste et d’animateur à la Cinémathèque algérienne. En 1971, l’atmosphère n’étant plus guère à l’internationalisme en Algérie, Roulet arrive à Genève où, avec l’appui de son ami Alain Tanner, il crée le Centre d’animation cinématographique (CAC), d’abord à la Salle Patiño puis au cinéma Voltaire; jusqu’en 1977 où la Ville le «remercie». Il joue encore dans Messidor d’Alain Tanner et se voue au dessin et à la peinture avant de disparaître à 50 ans. Son œuvre graphique et plastique est conservée au Musée des beaux-arts de La Chaux-de-Fonds.

Inscrit dans une perspective d’émancipation sociale

Cet itinéraire fait ainsi revivre des moments culturels et politiques de grande importance – TNP, TPR, Berliner Ensemble, Télévision romande, Algérie indépendante, CAC enfin: théâtre et cinéma d’éducation populaire, télévision de qualité, cinémathèque, autant d’actions inscrites dans une perspective d’émancipation sociale et culturelle et de libre création.

Lors de la soirée seront évoqués la vie et l’œuvre de Roulet du Locle à Genève en passant par Paris, Berlin, Tunis et Alger avec des interventions notamment de Françoise Coursaget, Pierre Barde, François Albera, Sophie Vantieghem, Freddy Buache. Seront projetés des extraits de Dossier Chelsea Street (1961) et Force de loi (1962) de Claude Goretta et l’intégralité de Messidor d’Alain Tanner (1978) ainsi que des affiches et dessins de Roulet.

Vendredi 6 octobre à 18h30, à la Cinémathèque Suisse