Alain Bringolf, ancien député neuchâtelois POP et membre de l’exécutif de La Chaux-de-Fonds durant 18 ans

Quel regard portent les communistes d'aujourd'hui sur la révolution d'Octobre?

On observe toujours aujourd’hui l’exploitation de l’homme par l’homme, la suprématie du capitalisme et une grande difficulté à inverser les choses. Tout reste donc à faire. Le modèle soviétique a apporté des aspects positifs, notamment en termes de démocratisation de la santé et de la formation ou des droits des femmes. Cela a aussi permis aux ouvriers des pays occidentaux d’imaginer un autre horizon que le capitalisme. Mais il n’a pas su modifier fondamentalement les pratiques. En URSS, les rapports de pouvoir entre les individus n’ont pas été changés. Une société hiérarchique avec d’un côté ceux qui «savent» et dirigent et de l’autre ceux qui obéissent a été reproduite. La question de la croissance à tout prix et de son impact sur l’environnement n’a pas non plus été remise en question. Les Soviétiques disaient, «on veut faire aussi bien que les capitalistes, mais à notre manière»!

Cela dit, l’idéologie communiste reste juste à mon avis et je me définis toujours comme communiste, mais au sens philosophique du terme. Face aux dégâts terribles de l’individualisme à outrance, je suis convaincu que l’être humain ne pourra survivre que s’il décide en commun des moyens à mettre en œuvre pour subsister. Il faudra redéfinir notre conception du Bien-être pour changer les pratiques, mais cela ne se fera pas par une voie autoritaire.

A l’exécutif de la Chaux-de-Fonds, j’ai organisé de nombreuses réunions avec la population. Je pense qu’elle doit être impliquée et non pas subir, qu’elle doit pouvoir mieux comprendre les problèmes à résoudre. Je ne vois pas d’autre moyen de détricoter le capitalisme. Cela signifie cependant un changement lent, une évolution progressive vers une société plus humaine. Je ne crois pas au grand soir. Lorsqu’on fait une grande révolution, le lendemain les gens n’ont pas fondamentalement changé!