Au coeur de la révolution avec John Reed

Livre • Dans son célèbre ouvrage «Dix jours qui ébranlèrent le monde», paru pour la première fois en 1920, le journaliste John Silas Reed narre en direct les jours révolutionnaires de Russie.

John Silas Reed était un journaliste, écrivain et communiste états-unien né à Portland (États-Unis) en 1887. Étudiant à Harvard où il s’est progressivement radicalisé, il a ensuite assisté au soulèvement mexicain de 1911, a rendu compte comme journaliste des atrocités de la Première Guerre mondiale sur différents fronts, avant de se rendre en Russie «où il avait discerné dans les premiers combats révolutionnaires l’approche d’une grande guerre de classes».

Témoin privilégié de la révolution d’Octobre, Reed parcourt Petrograd en toute liberté. Il est présent partout: à la dissolution du pré-parlement, à la construction des barricades, à l’arrivée de Lénine et Zinoviev sortant de la clandestinité, à la chute du Palais d’hiver… Il se documente, collecte affiches et brochures, pénètre tous les milieux sociaux, se rend au front, dans les usines, rencontre les principaux dirigeants politiques. Cette aventure, il la retrace de manière concrète et vivante dans Dix jours qui ébranlèrent le monde, un ouvrage qui constitue un incroyable témoignage, un chef-d’œuvre d’histoire immédiate sur le déroulement et les enjeux de la Révolution bolchévique.

Un monde en guerre totale
Quand Reed arrive en Russie, il se retrouve dans un monde en guerre totale, dans un pays où la vie économique et l’armée sont complètement désorganisées. La révolution de février avait certes amélioré la situation, mais «la lune de miel fut brève», car les classes possédantes n’aspiraient qu’à une révolution politique tandis que les masses populaires voulaient une véritable démocratie ouvrière. La population est affamée, les spéculateurs font augmenter les prix, les femmes font la queue pour du pain et du lait en grelotant. La situation est révolutionnaire: dans les villes, les travailleurs organisent des meetings; à la campagne, les paysans font grève et s’emparent des domaines; au front, les soldats désertent. Les mots d’ordre se font entendre: l’arrêt de la guerre, la terre au paysan et la journée de huit heures. Mais le gouvernement provisoire n’écoute pas les revendications ouvrières et paysannes. Reed nous livre les analyses des principaux acteurs tout en nous faisons revivre l’ambiance de façon intense.

John Reed meurt à Moscou en 1920, après la publication de son livre dont Lénine recommandera la lecture. Dix jours qui ébranlèrent le monde inspirera la réalisation de deux films – l’un soviétique et l’autre hollywoodien: Octobre de Sergueï Eisenstein (1928) et Reds de Warren Beatty (1981).