La démocratie encore confisquée au Honduras?

Il faut le dire • Au Honduras, la gauche craint une fraude électorale visant à la priver de sa victoire. Un scénario qui s'était déjà produit en 2009.

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Il y a 8 ans, en 2009, le président sortant Manuel Zelaya, qui s’était rapproché du Venezuela et avait mené une politique sociale modérée mais inconnue au Honduras jusqu’alors, avait été renversé par un coup d’Etat parlementaire, dans l’indifférence internationale totale et avec un soutien actif de l’administration américaine, pour la seule raison qu’il voulait organiser un vote populaire pour lui permettre de se représenter à un second mandat.

S’en sont suivis deux mandats de gouvernement de la droite extrême, réprimant très durement les mouvements sociaux qui tentaient de résister. Le Honduras est devenu l’un des pays les moins sûrs d’Amérique centrale, loin devant le Nicaragua et pire que le Salvador, qui était pourtant connu pour ses «maras», groupes de jeunes délinquants terrorisant les quartiers populaires.

Lors des élections du 26 novembre dernier, le président Juan Orlando Hernandez sortant, ayant obtenu de la Cour Suprême le droit à se représenter, sans consultation populaire, et sans que cela ne suscite aucune vague de protestation dans les médias internationaux, prétendait gouverner encore pour 4 ans, malgré la situation sociale catastrophique qui a prévalu durant son mandat. Tous les sondages le donnaient largement gagnant.

Or, à la surprise générale, après le dépouillement de plus de deux tiers des bulletins de vote, le Tribunal suprême électoral (TSE) a annoncé que Salvador Nasralla, de centre-gauche, devançait le président sortant de près de 5%, le propulsant virtuellement comme le prochain président. C’est alors que la machine électorale s’est grippée. Une «panne technique» selon les informations disponibles. Dans les jours suivants, la marge s’est officiellement réduite et le TSE a finalement publié des résultats donnant à Hernandez une avance d’un petit 1.5%.

Pour l’heure, le TSE a refusé de déclarer franchement qui était le vainqueur, ce qui démontre bien son embarras. Des protestations populaires d’opposition ont eu lieu dès le troisième jour après les élections, et le gouvernement actuel a déclaré l’état d’urgence et commencé à réprimer les manifestants. C’est dire qu’il se joue un moment politique grave.

Certes, le Honduras n’est qu’un petit pays, mais l’issue de ce scrutin – toujours inconnue à l’heure où nous écrivons ces lignes, a une importance pour l’ensemble de la gauche latinoaméricaine et surtout le peuple hondurien, devenu le plus pauvre d’Amérique centrale durant cette décennie.