Bilan de santé intermédiaire pour HNE

Neuchâtel • Les partisans de l’initiative pour deux hôpitaux adoptée il y a un an par la population du canton ont fait le point samedi dernier. HNE n’a pas tardé à réagir en déplorant certains des propos tenus.

«La croissance de la concurrence du privé et du public dans le Haut du canton fragilise le site des Montagnes dans la perspective de son autonomisation future», a souligné HNE (DR).

Samedi dernier, plus de 200 personnes se sont réunies à la Place Espacité à La Chaux-de-Fonds à l’appel du collectif citoyen H+H, du Groupe de travail interpartis pour l’Hôpital neuchâtelois et du collectif Le Haut veut vivre, pour prendre connaissance de la situation un an après l’acceptation par le peuple du principe de deux hôpitaux de soins aigus, sûrs et complémentaires en terres neuchâteloises.

En théorie, les choses semblent sur la bonne voie: «Le groupe de travail auquel tous les milieux concernés par l’hôpital public ont participé avec les services de l’Etat a fait un travail consensuel et efficace qui permet d’aller de l’avant», a expliqué Claude-André Moser, conseiller général PLR et médecin, représentant du groupe de travail interpartis. Pour lui, «la solution choisie avec 2 sociétés anonymes pour les soins aigus est une solution qui devrait être favorable à la qualité des soins et à l’accueil». Il estime maintenant que l’opérationnel doit suivre.

Aucun changement à la tête d’HNE
Bernard Inderwildi, lui aussi médecin et représentant l’association H+H (constituée au lendemain de la votation), a quant à lui évoqué l’avancement de la situation au niveau pratique, avec une vision moins positive. Il a ainsi constaté que le Conseil d’Etat n’intervient pas dans l’organisationnel d’HNE et que la direction et le Conseil d’administration qui existaient avant la votation et dont les membres sont farouchement anti-initiative ont été maintenus. En conséquence, «aucun organe n’est chargé de préparer la mise en œuvre de l’initiative sur le terrain, rien n’a été fait pour favoriser des décisions qui, dans un souci d’économie et de logique, préparent une transition harmonieuse et respectueuse de la volonté populaire, un apaisement de la situation. On a laissé champ libre à HNE», a-t-il constaté. Et de décrire chiffres à l’appui diverses décisions ayant selon lui eu pour effet de réduire progressivement les tâches de l’institution de La Chaux-de-Fonds.

Alors que le Conseil d’Etat avait, après la votation, justifié le maintien du Conseil d’administration pour gérer les affaires courantes, HNE a développé de nouveaux projets, comme un centre du sommeil, a-t-il également souligné. Divers développements qui frappent selon lui des collaborateurs surchargés sur le Littoral et en souffrance sur le site des Montagnes. Les premières réponses à un questionnaire proposé par H+H au personnel laissent entrevoir une situation difficile: manque de confiance en la hiérarchie, manque d’écoute, de reconnaissance, de respect, de soutien et d’informations, a-t-il rapporté. Et d’exiger que le Conseil d’Etat prenne rapidement les mesures nécessaires à la réalisation de la volonté populaire. «Une première mesure consisterait à réouvrir les blocs opératoires de l’hôpital du haut 24/24», a-t-il suggéré.

Nathan Erard, de l’association «Le Haut veut Vivre», qui a déposé en 2015 une initiative pour le retour d’une maternité dans le Haut, a quant à lui précisé que celle-ci serait maintenue jusqu’au moment ou le Conseil d’administration du Nouvel hôpital des Montagnes aurait pris une décision à son sujet.

Des chiffres «tronqués»
La réponse d’HNE ne s’est pas fait attendre. Lundi, l’hôpital a diffusé un communiqué dénonçant la diffusion par H+H de chiffres «tronqués», qui «donnent une image déformée de la réalité». H+H pointait notamment une diminution du nombre de journées d’hospitalisation à La Chaux-de-Fonds. Or, «ces chiffres occultent les journées d’hospitalisation effectuées dans l’unité d’hospitalisation de courte durée (UHCD) et dans l’unité de gériatrie aiguë (UGA), créées en 2016. En intégrant ces deux structures, le nombre de journées aiguës est stable à La Chaux-de-Fonds depuis 2010», corrige HNE. «Le conseil de direction et le conseil d’administration de l’HNE regrettent vivement cette nouvelle entreprise de déstabilisation. La diffusion de données non consolidées et l’utilisation systématique du mot «démantèlement» fragilisent l’hôpital de La Chaux-de-Fonds dans un contexte de concurrence accrue avec les acteurs privés», ajoute le communiqué. Consulté, Bernard Inderwildi admet n’avoir pas pris en compte ces éléments car d’après lui, ils étaient dès le départ hors du projet des deux hôpitaux.

Rude concurrence dans le «Haut»
Dans son communiqué, HNE admet bien une baisse de l’activité opératoire sur le site de La Chaux-de-Fonds. Mais celle-ci serait due à «un départ de patients vers le privé et l’extra-cantonal» et non pas à une concentration à Pourtalès. «La concurrence du privé, qui a investi dans des blocs opératoires dans le Haut du canton, fragilise la position de l’hôpital public, en particulier dans les Montagnes. Les investissements consentis ces dernières années ont entraîné une surcapacité effective (21 salles opératoires dans le canton) qui rend très difficile d’atteindre des taux d’occupation élevés», précise encore le communiqué, concluant que «la croissance de la concurrence du privé et du public (HJB) est plus importante dans le Haut du canton,ce qui fragilise le site des Montagnes dans la perspective de son autonomisation future».

Le même jour, le Conseil d’Etat annonçait la mise en consultation auprès des principaux partenaires concernés du projet de rapport et des avant-projets de loi et de décrets visant à mettre en œuvre l’initiative «Pour deux hôpitaux sûrs, autonomes et complémentaires».

En conclusion, l’incertitude politique du canton en matière hospitalière semble avoir laissé le champ libre au secteur privé. Dans les Montagnes neuchâteloises, ce qui était jugé inadéquat économiquement par HNE pour justifier la concentration à Neuchâtel, semble être un terrain convoité par les cliniques privées, qui se multiplient dans la Métropole horlogère. Et certains continuent à penser que la concurrence va sauver l’humanité!