Changer sans rien changer?

Neuchâtel • Les socialistes ont tenu samedi dernier leur congrès. Dénonçant l’austérité, ils ont voté une résolution qui prête à réflexion.

Les socialistes neuchâtelois tenaient leur congrès samedi dernier. Dénonçant les mesures d’austérité à répétition auxquelles le canton est soumis, ils ont voté une résolution demandant aux autorités que, pour chaque franc économisé de manière pérenne sur le fonctionnement de l’Etat, un franc soit investi dans un programme de relance. Selon nous, cette décision révèle l’ambiguïté du parti socialiste.

Au premier abord, on se dit qu’enfin les socialistes relèvent la tête, mais après une rapide lecture, on constate que même avec la tête relevée, ils ne changent pas de direction. «Nous validons l’ampleur des efforts mis en place par le Conseil d‘Etat, mais pas la méthode. Economiser dans le fonctionnement de l’Etat paraît nécessaire, mais seulement si cela permet de lancer des projets», affirme ainsi le député Baptiste Hurni, dans Arcinfo. Comment comprendre ces propos? Le Conseil d’Etat peut-il donc continuer à sévir, même sur le plan social, pour autant que les économies profitent à de grands projets pour faire sortir le canton de sa situation financière difficile?

S’ajoute à la confusion le fait que les domaines d’investissement évoqués par le groupe de travail qui a élaboré la proposition et auquel participait Jean Studer, sont la culture et la mobilité. Mais dans la culture sont inclus l’artisanat, la construction, le tourisme, la formation, la restauration, les transports, les services ou la réinsertion et l’intégration. Une vaste panoplie qui touche tous les sujets d’importance mais sans en préciser aucun. Cela nous fait penser à ce proverbe chinois: «Parler ne fait pas cuire le riz.»

Laurent Kurth a reconnu dans la presse neuchâteloise que les actuelles mesures d’assainissement étaient indéfendables en soi. A ses yeux et aux yeux de ses camarades, elles n’ont de sens que si elles permettent de développer autre chose. A titre d’exemple, il soutient que la réduction de 10 francs du salaire des apprentis de l’Etat (voir notre édition de la semaine dernière) se justifie dès lors qu’elle permet de créer de nouveaux postes d’apprentis… Hum! Selon cette logique, avec davantage d’apprentis, on pourrait même ne plus les payer du tout!!!

Alors que les difficultés actuelles sont profondes, le PS semble refuser d’envisager un véritable changement de cap, qui permettrait d’engager les modifications nécessaires pour mieux vivre.