Un contre-courant qui se renforce

Neuchâtel • Différents événements récents poussent notre chroniqueur neuchâtelois à s’interroger sur les façons de vivre autrement, dans un souci de durabilité.

L’effondrement de notre société industrielle et financière peut aller plus vite qu’on ne le pense. La fin du capitalisme peut prendre encore quelques décennies, certes, mais de plus en plus de personnes provenant de différents milieux admettent sa fin, consciemment ou inconsciemment. Ainsi, un médecin PLR du législatif de La Chaux-de-Fonds parlait récemment, à contre-courant, «des blessures qu’infligent à la Terre et à ses habitants les errements du capitalisme». C’était lors de l’inauguration d’une exposition de photos à ciel ouvert à La Chaux-de-Fonds, dont les organisateurs avaient mis un accent particulier sur des travaux montrant l’homme blessé et révolté. Une manifestation suivie par plus de 1200 personnes.

Diminution positive de la population?
Dans un autre domaine, la statistique démographique fait apparaître pour la première fois depuis 16 ans une diminution de la population du canton de 572 personnes, y compris dans les trois villes principales. Dans ses commentaires, Théo Huguenin-Elie, actuel président de La Métropole horlogère, a affirmé qu’il n’était pas inquiet car l’économie progresse, ce qui va engendrer l’arrivée de nouveaux habitants. Des propos qui reflètent la conviction répandue que la croissance va sauver les collectivités. A contre-courant, nous pourrions plutôt nous réjouir de cette baisse de la population. La diminution du nombre d’habitants va en effet dans le sens d’une autre conception de la société, qui engendrera moins de charges et moins de pression sur l’environnement, alors que de plus en plus de scientifiques assurent que notre société basée sur la croissance exponentielle est mortelle pour l’être humain. Il serait temps d’y penser et de se préparer aux événements qui arrivent.

Certains ont déjà pris ce virage et l’augmentation du nombre de personnes et d‘associations qui tentent de vivre autrement est réjouissante. C’est le cas notamment d’un couple de jardiniers amateurs dont l’histoire était récemment relatée dans le journal Arcinfo. Ces deux personnes ont eu l’audace de cultiver des légumes sur un terrain ne leur appartenant pas et ont été condamnées pour violation de propriété. Ayant fait recours, le montant des frais de justice atteignait près de 800 francs, somme très élevée pour eux. Un repas de soutien a donc été organisé pour leur venir en aide, et ce sont plus de 1790 francs qui ont été récoltés, provenant de diverses sources choquées de cette sentence. En plus, deux propriétaires du Locle ont décidé de mettre gratuitement deux terrains à la disposition des jeunes jardiniers. Ces formes d’action, animées par un souci de lien social et environnemental évident, se répandent de plus en plus, à contre-courant de la concurrence effrénée qui élimine sans pitié celles et ceux qui ne peuvent pas suivre le rythme imposé par les riches.

Une marginalité qui diminue

Ces actions sont encore marginales, mais leur augmentation contribue à rendre de plus en plus légitime la mise en pratique d’autres manières de vivre. Ces formes d’opposition au système capitaliste expriment très concrètement le désir profond de remettre en question notre fonctionnement, en changeant l’état d’esprit de beaucoup de personnes qui continuent à ne voir leur avenir positivement que s’il implique vivre à l’échelon immédiatement supérieur à celui dans lequel elles vivent actuellement.