Menace sur les paysans suisses et la souveraineté alimentaire

Il faut le dire • On apprend ces jours que le marché suisse du sucre est envahi par du sucre européen bradé, qui met en péril la culture de la betterave en Suisse. Ou qu’un accord de libre-échange avec les pays du Mercosur (dont le Brésil et l’Argentine) est en préparation: lui menace la production suisse de viande. Mais l’histoire du colza est peut-être encore plus emblématique de l’absurdité de ces accords...

On apprend ces jours que le marché suisse du sucre est envahi par du sucre européen bradé, qui met en péril la culture de la betterave en Suisse. Ou qu’un accord de libre-échange avec les pays du Mercosur (dont le Brésil et l’Argentine) est en préparation: lui menace la production suisse de viande. Mais l’histoire du colza est peut-être encore plus emblématique de l’absurdité de ces accords.

Cette huile, historiquement produite en Suisse, encore décriée dans les années 70 pour sa teneur en acide érucique, a fait l’objet d’études poussées depuis 30 ans pour arriver à une variété sans cet acide gras. Elle est maintenant une huile, surtout si elle est pressée à froid, largement utilisée dans la cuisine et appréciée même par des grands chefs. Dans l’agroalimentaire, des entreprises comme Zweifel, pour les chips, ou Frigemo, pour les frites surgelées, l’utilisent maintenant.

On a donc vu réapparaître de manière plus régulière, dans nos campagnes, ces beaux champs jaunes de la fin du printemps. Actuellement, plus de 8000 paysans en produisent régulièrement. La culture du colza présente, par ailleurs, l’avantage d’être un facteur de diversification des rotations, ce qui se traduit par des rendements améliorés de 10% pour les céréales qui suivent, sans compter que le désherbage en est simplifié et le risque de maladie fongique diminué.

Cette «success-story» risque d’être mise à mal par la volonté du Conseil Fédéral de conclure encore avant l’été un Traité de libre-échange avec la Malaisie et l’Indonésie, qui représentent un «marché de 250 millions de personnes pour nos exportations». L’ennui, c’est que le principal produit d’exportation de ces pays est l’huile de palme. La suppression des droits de douane liés à l’adoption du traité la rendrait deux fois moins chère que celle de colza produite en Suisse.

Or, les conditions de production de cette huile en Indonésie ou Malaisie sont catastrophiques, tant du point de vue écologique que social, comme de nombreux rapports l’attestent. Et le moins qu’on puisse dire c’est que l’huile de palme n’est pas particulièrement bonne pour la santé.

Peut-on croire qu’une majorité se trouvera aux Chambres Fédérales pour s’y opposer?