Marre d’être prises pour des c…

Il faut le dire • Dans la foulée du mouvement #metoo, on était en droit de s'enthousiasmer cette année, à l'occasion du 8 mars, quant à l'avenir des luttes pour les droits des femmes. C'était sans compter sur certains mâles politiques suisses, qui ont vite refroidi l'ambiance...

Dans la foulée du mouvement #metoo, on était en droit de s’enthousiasmer cette année, à l’occasion du 8 mars, quant à l’avenir des luttes pour les droits des femmes. C’était sans compter sur certains mâles politiques suisses, qui ont vite refroidi l’ambiance, démontrant sans gêne à quel point ils se moquent des revendications des femmes.

Ainsi, la semaine dernière, le conseil des Etats a renvoyé en commission un projet de modification de la loi sur l’égalité qui voulait mettre en place, enfin, un léger contrôle de l’égalité salariale dans les entreprises (voir l’article de notre chroniqueuse féministe). L’un des prétextes servi par la droite, comme à chaque fois qu’il s’agit de prendre des mesures autres que le laisser-faire absolu, et ce dans tous les domaines: la «surcharge administrative» ou la fameuse «usine à gaz» que ce type de contrôles engendrerait.

L’affirmation prête à rire. En effet, moins de 1% des entreprises suisses étaient concernées par les mesures envisagées, le temps nécessaire pour ces contrôles était évalué à une journée, ceci tous les 4 ans, voire une seule fois si aucune inégalité n’était constatée. Enfin, aucune sanction n’était prévue. Si le projet initial du Conseil fédéral était déjà timide, les propositions issues de la commission n’étaient déjà plus que symboliques.

On se souvient que lors de la campagne sur PV2020, l’absence d’égalité salariale avait été mise en évidence, démontrant l’absurdité à exiger une hausse de l’âge de la retraite des femmes. Beaucoup avaient alors admis que ce problème devrait être réglé. Aujourd’hui, le message est limpide: en réalité la question n’a toujours pas la moindre importance pour une partie non négligeable du monde politique majoritairement masculin. Au lendemain de cet affront fait aux femmes, Alain Berset a d’ailleurs présenté son nouveau projet de réforme de l’AVS, qui prévoit… une hausse de l’âge de la retraite des femmes! (voir notre article)

A Genève, les partis de gauche ont annoncé mercredi différentes interventions au parlement pour «imposer l’égalité salariale à Genève» et «faire pression sur Berne». La réaction d’autres cantons est espérée. L’initiative est positive, mais il faudra sans doute passer aussi par d’autres moyens que les voies institutionnelles pour faire vraiment bouger les choses.

«Les femmes suisses ne doivent pas oublier qu’elles n’ont jamais rien obtenu gratuitement. Il faut peut-être se remobiliser, retrouver l’esprit de la grève des femmes de 1991», suggérait Simonetta Sommaruga dans la presse, suite à l’échec de son projet. On peut en effet se demander jusqu’à quand, encore, les femmes accepteront d’être pareillement prises pour des c…