Un livre pour réveiller les socialistes

Livre • Socialiste de tendance libertaire, politologue et conseiller municipal en Ville de Genève, Pascal Holenweg sort un essai pour sortir la gauche de l’ornière.

«Le néolibéralisme s’attaque plus durement et plus efficacement au capitalisme tel qu’il est que le mouvement socialiste ne l’a jamais fait depuis 75 ans, et ce ne sont pas les organisations révolutionnaires qui remettent le plus radicalement en cause les instruments de la domination politique, sociale et idéologique bourgeoise, mais les forces économiques d’avant-garde du capitalisme lui-même. Ces forces s’attaquent aux bastions du capitalisme socialisé par la gauche: le service public et le principe d’égalité». Tout est dit dans ces quelques lignes si reconnaissables et étirées du style Holenweg, qui débute son essai par toute une série de constats sur l’état de la gauche socialiste.

Hier partie-prenante d’améliorations et de réformes sociales dans le cadre du capitalisme, les socialistes sont aujourd’hui en panne d’alternatives, comme on le voit en Allemagne, en France ou en Italie, et en plein reflux électoral. Au fil du temps, les socialistes se sont finalement trouvés piégés par leur insertion historique au XXe siècle dans une sorte de cogestion du capitalisme. «Constitué à l’origine sur la triple récusation du salariat, de la propriété privée et de l’Etat, le mouvement socialiste a généré le premier, diffusé la seconde et renforcé le troisième. On aurait dès lors grand tort d’être surpris par son incapacité présente à proposer une alternative au cours du monde», précise-t-il encore.

Au passage, l’auteur ne se fait pas prier pour égratigner le communisme qui a réellement existé et son collectivisme d’Etat, ou la dérive parlementariste sociale-démocrate actuelle de la gauche de la gauche.

Face à ce bilan, la gauche socialiste a besoin d’une résurgence dans ses ambitions fondatrices et sa radicalité première. En quoi consiste cette force politique? Dressant une typologie, il caractérise le socialisme comme un projet anticapitaliste ou de dépassement du capitalisme. «Il y a socialisme là où la propriété des moyens de production est socialisée, et où le pouvoir social et politique est exercé par les citoyens eux-mêmes – par les travailleurs, si l’on accepte de considérer comme tels tous ceux qui ne tirent pas leur revenu du travail des autres», explique-t-il.

Un horizon de propositions
La seconde partie de cet ouvrage politique ouvre les perspectives et énonce des propositions de changements. Pêle-mêle, il demande que le PS rompe avec le culte des mandats électoraux, la professionnalisation de la politique et redonne le maximum de pouvoir aux citoyens, notamment à travers le droit de démettre les élus. Il ambitionne que le mouvement socialiste cesse de s’appuyer sur l’Etat pour prendre appui sur le mouvement social et qu’il revienne à une base sociale, qui comprenne la petite bourgeoisie (soit la classe inférieure de la classe moyenne) et le nouveau prolétariat, tout en défendant l’internationalisme et l’engagement dans le conflit et la lutte. Bref, tout un programme que le gotha du PS se devrait d’étudier.

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Pascal Holenweg, Le socialisme, ou comment ne pas s’en débarrasser, Editions de L’Aire , 139 pages, 2017