La communauté internationale abandonne Afrin

Il faut le dire • La communauté internationale ferme les yeux sur la situation à Afrin et les agissements d'Erdogan.

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Après 50 jours de bombardements intensifs, l’armée turque a pris possession d’Afrin, canton kurde du nord de la Syrie, en battant en brèche la résistance des unités de Protection du Peuple YPG/YPJ. Ce sont ces mêmes forces, qui, avec leurs alliés, ont contribué à défaire l’emprise de l’Etat islamique en Syrie. Héros hier, ils sont aujourd’hui devenus les sacrifiés du grand jeu géostratégique au Proche-Orient.

Ce lâchage est dû à la lâcheté de la communauté internationale. Pour les militants kurdes qui, depuis une semaine, ont entamé une grève de la faim sur la Place des Nations à Genève, ou leurs compagnons, qui se mobilisent dans d’autres endroits du monde, cet abandon est intolérable.

«Le silence du Conseil de sécurité des Nations Unies, des USA, de la Russie, de l’Allemagne, de la Grande-Bretagne, de la France mais aussi des autres pays d’Europe, ainsi que celui des pays voisins et à l’échelle mondiale, renforce encore plus la Turquie dans ses actions de massacres à l’encontre des civils. Nous savons tous que l’invasion de l’Etat turc dans l’enclave d’Afrin permet à Daech de se renforcer et se faire sa place dans la région», souligne ainsi La Plateforme de solidarité Afrin-Europe. «Dans cette guerre, Erdogan ne respecte ni les droits humains, ni le droit international», nous a assuré Faysal Sariyildiz, député HDP en exil.

Laisser le terrain libre à Erdogan pour franchir des frontières et envahir des territoires à l’extérieur de son pays, c’est paver la voie du pire et s’exposer à accroître l’appétit de ce potentat.

En Suisse aussi, le silence est assourdissant et le Département des affaires étrangères d’Ignazio Cassis complètement passif. A l’exception d’un communiqué, qui exhorte, sans les nommer, toutes les parties au conflit armé en Syrie à mettre en œuvre sans délai la cessation des hostilités, rien.

Pourtant, la Suisse sait de quoi est capable le régime d’Erdogan pour bâillonner l’opposition. II y a une semaine, la presse a amplement montré comment trois barbouzes turcs avaient essayé d’enlever à Zurich un binational, partisan de Fethullah Gülen et opposant à la politique d’Erdogan. Un acte d’ingérence de plus du sultan d’Istanbul.