La lutte des classes contre le nationalisme

Marx vu par les militants d'aujourd'hui • Pierluigi Fedele, secrétaire régional d’Unia-Tranjurane et député CS-POP au parlement jurassien.

Dans le cadre de ma pratique syndicale, Marx reste important. J’explique souvent aux salariés dans les entreprises l’importance d’une vision classiste, basée sur le concept de lutte des classes sociales. Cette dimension permet de dépasser les divisions liées à l’origine ou la provenance des employés, en évitant de succomber à la tentation nationaliste. Il est important que les salariés comprennent que c’est le patronat qui impose ses vues aux travailleurs dans une logique d’accaparement de la richesse, de réalisation de la plus-value sur le travail des employés.

Il faut évidemment éviter de jouer les grands théoriciens et essayer de vulgariser ces rapports de force et ces logiques de domination économique. Ce travail de formation et d’information vient souvent dans un second temps. Sur le court terme, il s’agit souvent de sauver des emplois dans des entreprises qui menacent de licencier, d’obtenir les meilleurs contrats possibles. Mais il est important d’avoir aussi un travail de conscientisation idéologique. Il permet aussi de préparer des mobilisations sur le plus long terme, de dépasser les seules petites victoires de circonstance.

Au niveau politique, en tant que député, je constate qu’à l’exception de la gauche combative, ce travail d’explication et de réflexion idéologique a complètement disparu des grands appareils de partis, qui privilégient la communication et les échéances strictes des élections, en défendant leur pré carré. C’est dramatique pour le débat politique.