Retrouver l’esprit des mutuelles ouvrières!

Il faut le dire • Tout un chacun sait que le financement des soins en Suisse comme en Europe en général est en crise et l’on assiste, chaque automne, impuissants et sans aucun contrôle démocratique, à l’annonce de l’augmentation de nos primes maladie...

Tout un chacun sait que le financement des soins en Suisse comme en Europe en général est en crise et l’on assiste, chaque automne, impuissants et sans aucun contrôle démocratique, à l’annonce de l’augmentation de nos primes maladie. En 20 ans, le système, qui se voulait solidaire et obligatoire pour toute personne résidante en Suisse, s’érode. La patronne de la CSS a osé proposer un modèle d’assurance avec franchise à 10’000 francs, parlant d’un milliard d’économie potentielle. Ceci doit être mis en regard avec le fait qu’un ménage sur 4 ne peut pas faire face à une dépense imprévue de 2500 frs, tant son revenu disponible est «à flux tendu».

Doit-on rappeler que si les salaires ont augmenté d’environ 25% en 20 ans, la prime maladie, elle a augmenté de 150%, et la franchise minimale a doublé. De plus, au lieu d’avoir une assurance maladie universelle, chaque compagnie vous vante un modèle de prime «adapté à votre profil, à vos besoins et votre budget». Elle ne manquera pas de vous proposer une assurance complémentaire privée (sur laquelle elle pourra faire du bénéfice) pour tel ou tel risque.

Pour endiguer la hausse des primes maladies, le parlement fédéral veut faire peser encore plus sur les ménages les frais de santé, en augmentant la franchise minimale de 50 frs et en interdisant le changement de franchise d’année en année. Ce faisant, il ne prend pas en considération que 15 à 20% des gens renoncent déjà à certains soins. Ce n’est certes pas encore trop le cas en situation aiguë, mais de plus en plus dans les soins chroniques, qui pèsent de façon croissante dans les coûts de la santé. Trop souvent, les gens renoncent à des lunettes ou un appareil auditif, à un suivi de leur maladie chronique ou à effectuer un dépistage de maladie, même en cas de risque majeur de l’attraper. Il est démontré que 30% des ménages qui renoncent à des soins ont un revenu inférieur à 3000 frs (contre seulement 3% chez ceux qui gagnent plus de 13’000 frs).

C’est pourquoi il faut sans cesse reprendre la lutte et, tout comme le recommande l’OMS, tendre vers une couverture médicale universelle. Les initiatives populaires pour limiter la charge des primes à 10% du revenu ou la possibilité laissée aux Cantons de créer des caisses mieux contrôlées par les pouvoirs publics, vont dans ce sens. Sinon, dans 10 ans, la santé à 2 vitesses sera une réalité tangible dans notre pays, même dans les soins aigus.