HNE veut encore économiser

Neuchâtel • L’Hôpital neuchâtelois (HNE) a présenté récemment ses comptes 2017, qui débouchent sur un déficit plus élevé que prévu. De nouvelles économies sont à l’ordre du jour, au grand dam des citoyens.

Les près de 8 millions de déficit d’HNE représentent 2,5% des gains annuels moyens des millionnaires neuchâtelois. De quoi mettre la situation en perspective. (photo: WM)

L’Hôpital neuchâtelois a récemment publié ses comptes pour 2017. Le déficit se monte à 7,9 millions de francs alors que le budget tablait sur une perte de 6,4 millions. Dans son édition du 6 juin, Arcinfo informe et commente ces chiffres après un entretien avec la présidente du Conseil d’administration d’HNE, Pauline de Vos Bolay. «Le déficit supplémentaire des comptes 2017 s’explique notamment par la baisse de l’activité de la réadaptation», peut-on lire. La présidente précise «qu’après la fermeture des sites de la Béroche et de Couvet, nous avons augmenté le nombre de lits de réadaptation sur le site du Locle. Malgré cela, nous constatons aujourd’hui que les patients ne s’y déplacent pas. Nous devons comprendre pourquoi». Il semble pourtant facile de comprendre que les gens ne suivent pas nécessairement les exigences des experts économiques et cherchent à trouver des solutions près de chez eux. Il n’est pas nécessaire de payer des experts pour comprendre cela.

Une réponse d’hôtelier
Autre explication du déficit réalisé, la baisse de l’activité des soins palliatifs provoquée par «la diminution des durées de séjour». «C’est inquiétant. Nous devons trouver des solutions pour optimiser les transferts de patients», commente Pauline de Vos Bolay. Une réponse d’hôtelier qui ne sera pas forcément favorable aux malades.

Ce résultat financier a été obtenu dans un contexte où les prestations d’intérêt général (contributions de l’Etat au financement des prestations non remboursées par l’assurance maladie) ont été réduites de 2,8 millions, souligne encore HNE. «Les prestations d’intérêt général s’élevaient à 80 millions de francs en 2012. Elles avoisineront les 30 à 40 millions de francs à l’horizon 2026.Le chemin pour atteindre cet objectif est colossal», avertit la secrétaire générale d’HNE Muriel Dessaules dans Arcinfo.

On trouve enfin dans la présentation des comptes deux «bonnes» nouvelles selon Arcinfo: premièrement, les charges de personnel ont coûté 2 millions de moins que ce qui avait été budgété. A ce propos, la RTS nous a appris que les dirigeants de l’hôpital avaient envisagé une augmentation de salaire pour le directeur général, justifiée par «la concurrence du marché et le recrutement difficile»! Deuxièmement, l’activité des soins aigus a augmenté, «preuve que nos relations avec les médecins installés sont bonnes, car ce sont eux qui nous envoient des patients», commente Pauline de Vos Bolay. Encore un commentaire marchand.

Aveu sur la Chrysalide
Soulignons enfin quelques mesures annoncées ou déjà entamées pour freiner le déficit. Par exemple, la fermeture de lits, l’autonomisation des crèches, ou «le déménagement de l’unité de soins palliatifs de La Chrysalide, de La Chaux-de-Fonds». Dès l’annonce de ce dernier projet, le désarroi et la colère de bon nombre de familles qui y ont vécu la fin d’une proche ou d’un parent se sont exprimés publiquement. Il leur avait alors été répondu que ce déménagement était nécessaire pour garantir une meilleure sécurité exigée par les services de défense incendie. Aujourd’hui, les propos de l’HNE sont clairs et constituent un aveu de taille: ce déplacement est prévu d’abord pour des raisons financières et non pas pour des raisons de sécurité.

Mais dans tout ça, qu’en est-il du bien-être des patientes et patients? Il n’en est pas question, seuls les chiffres sont à l’ordre du jour. Notons par ailleurs qu’on pourrait se demander, en prenant du recul, si le déficit d’HNE ne correspond pas simplement aux dépenses nécessaires pour soigner les habitants! Signalons également que ces quelque 8 millions de déficit ne représentent en fin de compte que le 2,5% des gains annuels moyens des millionnaires neuchâtelois de ces dernières années.

Cette situation désolante ressemble dans sa logique à ce qui se passe à La Poste, où la Confédération pousse ses propres services à générer des bénéfices. De la même manière, le Conseil d’Etat neuchâtelois demande à HNE de réaliser des économies. Dans tous les cas, la notion de service public est absente de ces considérations purement commerciales et le peuple, à raison, ne s’y retrouve pas.